Lorsque, à la condition très modeste de votre naissance, s’ajoutent toutes les difficultés engendrées par un état de guerre, les principes moraux peuvent vaciller lorsque se présente une opportunité vous permettant d’accéder via un mensonge à un statut plus enviable, d’autant plus si, ce faisant, vous avez, du moins dans un premier temps, la certitude de ne nuire à personne. Certes, Nélie a la chance de savoir lire, ayant été élevée au sein d’une famille éduquée à partir de ses 12 ans mais, placée comme bonne dans une autre famille, elle a été renvoyée lorsqu’elle s’est défendue face au maitre de maison qui lui faisait des avances pressantes. Sur le front de la Première guerre mondiale, elle ne peut qu’accepter la proposition de devenir brancardière, puis aide infirmière. Une affectation qui va lui permettre de faire recueillir Rose, une voyageuse suisse, dans le poste dans lequel elle travaille. Rose, en route vers Nancy avec une lettre de recommandation de son père pour devenir lectrice d’Éléonore, une femme fortunée, amie protestante de ce dernier, également protestant. Rose, qu’un bombardement allemand du poste français dans lequel elle se trouve va laisser comme morte sous les yeux de Nélie. Mettez vous 2 minutes à la place de Nélie : pourquoi ne pas profiter de l’opportunité qui vient de se présenter ? Trois femmes occupant le haut de l’affiche dans un film réalisé par une femme : les choses seraient-elles en train d’évoluer dans le bon sens en matière de parité dans le cinéma ? En tout cas, ce mélange de film d’époque, de film social et de thriller, interprété par un très bon quatuor de comédien.ne.s, arrive jusqu’au bout à nous intéresser et à nous surprendre.