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Audrey L
625 abonnés
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3,0
Publiée le 4 août 2023
Un documentaire sur un artiste totalement inconnu pour de nombreux spectateurs qui passeront les portes de la salle (ou choisiront ce programme à la télévision), qui mêle deux narrations complémentaires : celle dudit artiste Jack Garfein (qui, avec une étonnante légèreté, aborde les pires moments de sa vie, nous soulevant le cœur face à un recul sur ses malheurs qu'on envie beaucoup) et celle de Willem Dafoe (à la voix chaleureuse qui comble les trous avec élégance). On ne s'est pas particulièrement passionné pour ce docu un brin fainéant dans sa forme (il ne compte que sur la complémentarité de ses narrations, mais dans sa mise en scène, c'est trop simple et lent), mais on ne regrette pas de l'avoir vu, ignorant tout du Monsieur, qui a vécu mille vies en une seule, et sentant notre cœur se briser devant l'anecdote de son rapport à sa mère : spoiler: il lui en a toujours voulu de l'avoir rejeté violemment sur le quai du camp de concentration...avant de comprendre tardivement qu'elle lui avait sauvé la vie, sachant que son groupe à elle se dirigeait vers la mort... Et Jack Garfein de s'en vouloir, d'avoir condamné trop vite sa mère, et nous, au bout du rouleau, rêvant de passer la barrière de l'écran pour aller consoler ce papy triste. On a retenu surtout ce passage très dur, le point culminant de l'information et de l'émotion dans ce documentaire autrement très lisse. Il n'en reste pas moins que le mélange de narrations est un beau processus de mise en scène, un peu seul, mais original.
Connaissiez-vous Jack Garfein (1930-2019) ? Moi pas. Le documentaire de Tessa Louise-Salomé a le mérite de corriger cette lacune et de lever le voile sur ce réalisateur méconnu, proche de Lee Strasberg, le fondateur de l’Actor’s Studio.
Garfein fut metteur en scène de théâtre. Il réalisa deux films à Hollywood qui furent vite blacklistés pour leur audace. Adapté de la pièce de Broadway qu’il avait mis en scène et produit, "Demain ce seront des hommes" (1957) se déroule dans une académie militaire du sud des Etats-Unis et a pour héros un sergent sadique interprété par Ben Gazzara. Le second et dernier film de Jack Garfein, "Au bout de la nuit" ("Something Wild" dans la version originale … qui a inspiré le titre de ce documentaire) met en scène une jeune femme victime d’un viol dans Central Park. Le rôle est interprété par la femme de Jack Garfein, Carroll Baker, révélée quelques années plus tôt dans le rôle titre de "Baby Doll" d’Elia Kazan. Après ces deux films, Jack Garfein ne tourna jamais plus mais se consacra à l’enseignement.
Le jeune Jakob Garfein avait grandi dans une petite ville de l’actuelle Slovaquie sous la menace de l’antisémitisme nazi. Réfugié en Hongrie après l’annexion de la Tchécoslovaquie, il y fut néanmoins arrêté et déporté vers Auschwitz. Il survécut par miracle aux marches de la mort et fut libéré à Bergen-Belsen en 1945 alors qu’il pesait vingt-deux kilos à peine. Envoyé dans un orphelinat en Suède, il émigra aux Etats-Unis en 1946.
Le documentaire de Tessa Louise-Salomé est construit sur l’alternance de ces deux volets de la vie de Jack Garfein : ses souvenirs d’enfant et d’adolescent pendant la Seconde Guerre mondiale et sa carrière vite brisée à Hollywood dans les 50ies et 60ies. Bien sûr, les premiers sont poignants. Mais c’est le second volet de sa vie qui m’intéressait le plus. Et je regrette que la documentariste se soit laissée aller à la facilité de s’appesantir sur le premier, au risque de nous raconter une histoire qui, pour dramatique qu’elle ait été, nous est hélas tristement familière, alors que le second ne nous l’est pas.
Splendide découverte de Jack Gardien ! Le parcours d'une vie inspirée et dont l'humanité sert un prisme intelligent et sensible au regard d'une époque et de lieux..
Très bon documentaire, le personnage de Jack Garfein est vraiment une parfait pour comprendre les enjeux cinématographiques qui se sont posés après guerre. Sa vie et son œuvre sont fascinants.
Une histoire bouleversante qui à la fois nous rappelle que l'histoire du cinéma regorge de profils atypiques, mais aussi que certains cinéastes sont capables de transcender leur médium malgré les nombreux obstacles sur leur chemin.
Un documentaire puissant, esthétiquement sublime et décalé, à l'image de son sujet, Garfein, un réalisateur d'avant-garde, un comédien d'une profondeur rare, un rescapé de l'horreur qui a sublimé sa vie, un passionné de la vérité. À voir absolument, d'une force de vie incroyable. Nécessaire.
J'ai vu ce film hier soir et je suis encore sous le choc. C'est MAGNIFIQUE. La forme est extrêmement travaillée, et l'histoire est très puissante; C'est un peu comme Charles Laughton qui n'a pu faire qu'un film parce qu'Hollywood a décidé qu'il n'avait pas sa place comme réalisateur alors que son unique film est devenu culte (La Nuit du Chasseur). Et ce Garfein qui a fait deux films qui ont l'air puissants a connu le même sort.
Tessa Louise-Salomé nous emporte par son film dans l’intimité de Jack Garfein, révélant ainsi son histoire passée et présente. En alternant avec justesse les années hollywoodiennes et celles de la Shoah, le film parcourt les âges de Jack Garfein et nous offre un portrait à la fois touchant et fort d’un personnage haut en couleur, passionné de cinéma et passionnant face caméra. À voir à tout prix!
Ce portrait fascinant de cette personnalité emblématique de l'Actors Studio, un survivant de la Shoah, transcende les conventions du documentaire pour offrir une expérience cinématographique immersive et captivante.
Une approche intime et psychologique d ‘un homme de cinéma complexe dont l’histoire individuelle est au cœur de l’Histoire, celle de l’holocauste, du racisme, de la violence ordinaire de la solitude et du rôle salvateur de l’amour. Le film a quelques défauts (surabondance de gros plans, musique pesante) mais il touche au mystère d’un homme exceptionnel et ordinaire à la fois.
Une vie extrêmement bien racontée, faite de multiples thématiques et aventures se répondant harmonieusement, nous emmenant dans un voyage merveilleux et profond.
Tessa Louise-Salomé nous livre ici le portrait kaléidoscopique d'un homme exceptionnel, très peu connu du grand public. Et pourtant, Jack Garfein était un homme de l'ombre qui a conduit des générations d'artistes vers la lumière. Dans la forme, la sobriété et la mise en abîme par l'immersion dans les images projetées rendent l'homme et sont destin sublimes. L'histoire n'est pas chronologiquement déroulée, mais dans un jeu d'associations, d'allers-retours et de superposition des images, à l'image du fonctionnement de l'inconscient et de la mémoire. Le parallèle avec l'hypnose est saisissant, et la réflexion sur le trauma et la transcendance par la création traverse tout le film. Du grand art, au service de l'art et de l'acte de création. Un très beau film, à découvrir !
"Rescapé de l’Holocauste, Jack Garfein est The Wild One qui a rapidement apprivoisé les subtilités de la performance d’acteur, avant de révéler d’autres talents qui partagent avec lui ce croisement entre les expériences intimes et ce nouveau refuge qu’est le cinéma."
"Si le nom de Jack Garfein ne vous titille pas plus que ça, le documentaire de Tessa Louise-Salomé s’en chargera. En effet, le modeste cinéaste qu’il est revendique avant toute chose la performance de son jeu. Ce n’est que lorsqu’il se voit rapidement projeté sur la scène de la réalité que jouer la comédie est devenu vital. C’est pourquoi on retiendra volontiers les détails d’un parcours atypique, de sa brève mais intense enfance en Europe avant de se trouver un siège à Hollywood."
"Si l’on a parfois du mal à raccrocher tous les wagons dans le bon ordre, The Wild One tente d’invoquer le fantôme d’un homme qui a longtemps cherché à guérir de cette maladie qui l’a accompagné. Peut-être que la vision de Tessa Louise-Salomé correspond tout simplement au même jeune garçon de la Seconde Guerre mondiale, celui qui a mis du temps à comprendre en quoi les derniers mots de sa mère, aussi cruels soient-ils, sont porteurs d’amour et lui ont sauvé la vie. Jack Garfein rejoue sa vie comme si c’était le dernier acte, à la fois pour ne pas oublier d’où il vient et pour ne pas perdre ce qui lui reste à partager. Le spectateur n’a plus qu’à honorer sa mémoire en émiettant le flegme d’un homme qui n’a jamais quitté son personnage."
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Un documentaire des plus intimes sur un homme dont on ignorait (probablement) l'existence en rentrant dans la salle ; The Wild One accomplit un devoir de mémoire touchant et transmet l'héritage inconnu d'un artisan du cinéma oublié, avec autant d'émotion que de finesse et de poésie. À voir, et à retenir surtout.