Avis sur Le Père

Circles, le précédent film du serbe Srdan Golubovic, date de 2013 mais il fait partie de ceux qui restent longtemps en mémoire, non seulement pour son thème (la guerre en ex-Yougoslavie) mais aussi pour sa construction vertigineuse en abyme. Le père, sa nouvelle réalisation, ne lui ressemble en rien : le sujet est contemporain et le récit on ne peut plus linéaire. Mais à sa manière, il est tout aussi marquant que Circles, pour ce qu'il dit de la Serbie actuelle, de la précarité d'une grande partie de sa population à la corruption des élites, en passant par la déshérence de ses infrastructures intérieures. Il s'en faut de peu (mais ce n'est pas le cas) pour que le film sombre dans un certain misérabilisme, tout au long du voyage entrepris par son héros, un simple père de famille au chômage qui lutte pour la garde de ses enfants. Ce périple, en marchant, de son village à Belgrade, n'est rien d'autre qu'un combat pour la dignité et le respect de ses droits. La mise en scène de Golubovic est sobre, sans aucun artifice, à l'image du caractère de son personnage principal. Certains trouveront peut-être à redire sur le rythme du film, d'une longueur de 2 heures, mais il est constitué d'une multitude de détails et de micro-événements qui maintiennent toujours l'intérêt en éveil. Son interprète, Goran Bogdan, ne surjoue jamais et arrive cependant à susciter une émotion grandissante. Il est admirable.

Etrange qu'aucun des journaux n'ait fat la critique de ce très beau film.. Peut-être que dans le contexte de folie anti slave il n'est pas possible de reconnaître la beauté quand elle n'est pas du "bon" côté???
Merci Le Monde, Télérama, les Inrockuptibles etc.... Vous avez renoncé à admirer un film qui bousculerait votre soumission à la doxa occidentale!
Restez dans votre entre-soi et ignorez le vrai monde, comme vous le faites si bien!
Que dire de ce film qui ne soit pas en dessous de ce qu'il est? Une œuvre, pleine de retenue, très critique sur la bureaucratie corrompue qui, contrairement aux idées reçues, sévit aussi en France et bien d'autre pays "civilisés". Une sobriété dans les prises, dans le jeu de ce père en bute à la malhonnêteté d'un responsable corrompu, qui se plie sans regimber à la dictature des media et accepte, peut-être innocemment, de faire un selfie pour Twitter avec ce ministre-adjoint qui se fend "généreusement" d'une lettre de recommandation alors qu'il a le pouvoir de limoger ce responsable qui dépend de son administration...mais en profite pour se faire mousser sur les réseaux sociaux!
Triste monde que celui où l'unanimité ne peut pas se faire sur un tel film!
à ne pas manquer en tout cas, si vous le pouvez.

Le film vient de passer sur Arte et je suis scotché. Un film qui ne laisse pas indifférent. Tous les acteurs jouent très bien. Les scènes sont d'une grande justesse. Enormément d'émotion suggérée, qui traite de la condition humaine, de la pauvreté, de l'amour d'un père, d'une mère, de la mesquinerie humaine, à la fois en toute simplicité et tout en finesse.

"Otac" qui signifie "Père" en bosniaque est un film qui raconte l'histoire de Nikola, un homme à qui l'on a enlevé la garde après un événement tragique. Les autorités lui reprochent de ne pas pouvoir s'occuper de ses enfants, car sa maison n'est pas suffisamment équipée et qu'il n'a pas de travail à plein temps. S'il y a une part de vérité dans cela, Nikola va découvrir que la personne qui prend les décisions a un certain intérêt à placer le plus d'enfants possible dans des foyers. Malgré l'absence de moyens et de ressources, il est décidé à récupérer ses enfants et se lance dans un long périple, dans tous les sens du terme, pour les retrouver. Dans un contexte social très difficile avec des personnes qui vivent dans une grande pauvreté, "Otac" nous montre comment l’individualisme prend le dessus sur tout esprit de solidarité. Oui, l'histoire est principalement centrée sur la quête de Nikola, mais Srdan Golubovic en profite également pour montrer cette triste réalité. Même s'il ne faut pas faire de généralité, on remarque que ce sont les inconnus qui donnent le plus tandis que les proches, qui vivent également dans des conditions terribles, sont les premiers à lui planter un couteau dans le dos. Nikola, quant à lui, n'oublie jamais son humanité. Le personnage incarné par Goran Bogdan est d'une grande dignité. Ce n'est pas le plus expressif, et on pourrait croire qu'il n'est pas préoccupé par le sort de ses enfants, mais ses actions prouvent le contraire. À la fois âpre et poignant, "Otac" est d'une grande sobriété et parvient à toucher malgré beaucoup de retenue.

Dans un monde blasé dominé par une administration veule et corrompue où chacun survit comme il peut, les déboires d’un père qui cherche à récupérer ses enfants. Un excellent film, fin, parfois sinistre, avec quelques longueurs, mais qui sonne juste avec des scènes très dures (ouverture, retrouvailles des enfants). La fin non conclusive est une pirouette magistrale.

Le road-trip plein de dignité et pétri d’humanité (mais trop lent et âpre par moment), d’un père pour revoir ses enfants, dans une Serbie où règnent corruption et misère.

Goran Bogodan , acteur principal, fabuleux d'humanité , tout en retenue humble et soumise au triste droit qui est dévoyé et broie sa famille , soumis à une réalité socio-économique qui l'ilpacte très directement lui et sa famille, qui exprime sa révolte sans colère sans surenchère, sans exhibotion, mais qui avec une détermination humble patiente et droite qui ne souffre aucun compromis, aucun renoncement, essaie de faire valoir ses droits et surtout ceux de ses enfants. Il croise l'indifférence froide des institutions corrompues, la mesquinerie rapace de ses semblables, l'ego des puissants (scène terrible du ministre qui n'oublie pas avant de le congédier de se faire prendre en photo avec celui qu'il fait semblant d'aider pour mieux s'en débarrasser !), le doute de son propre fils sur sa détermination. Il ne renonce pas. Il souligne silencieusement mais impitoyablement la violence qui l'entoure sans y succomber.
Rien à voir , sir un sujet similaire, avec le calamiteux ,"rien à perdre" de Delphine deloget avec une héroïne v. Élira toute dans l'exhibition démonstrative.
Ici très peu de dialogues, des images sobres mais loin d'être muettes ou inutiles...mm si qq mini longueurs 1h45 au lieu d'1h54...s'érait.mieux.
Une fin superbe où face au vide humain qui l'entoure er devrait le submerger le contraindre au désespoir, le "Père", ne se résigne toujours pas, se relève, pas un "héros", juste un Homme, un Père, un Mari.
Quand on connaît ( et pour moi "essaie" de travailler parfois en tant que pédiatre) avec l'Aide Sociale à l'Enfance en France , en voyant ce film je n'ai pu m'empêcher de penser que la situation des enfants deshérités ou confrontés aux accidents de la vie isolés ou socioéconomiquement déterminés en Serbie n'est pas meilleure que chez nous...mais peut-être pas pire. Le gâchis chez nous n'est peut-être pas le fruit de la corruption comme dans ce film, mais souvent le fruit de l'incompétence crasse, de la routine institutionnelle, de la démagogie déconnectée du réel...et souvent de l'indifférence ce qui est le pire...comme en Serbie.
Mais pourquoi ce film n'est-il pas sorti en salles en 2020? Merci à Arte de nous l'avoir offert

Terrible et très beau film, très beau personnage plein de dignité face à la méchanceté et l'égoïsme.

wow, ce fim est magnifique, et extraordinairement bien interprété, tous les acteurs sont excellents, et l'histoire aussi !
le pouvoir des médias .... en effet, ça existe ... comment un hors la loi devient subitement un héros .... ben, la réponse est simple, si il a du courage et vient au bout de son idée !