« Le Dernier Empereur » se résume en un seul mot : Majestueux. Retraçant la vie du dernier empereur de Chine Pu Yi, de 1908 à 1967, ce film nous dévoile ainsi la destinée d’un homme choisi pour succéder au trône impérial mais aussi pour le quitter plusieurs fois, l’existence hors du commun, compliquée, semée d’embuches et de misère de cet individu. Bertolucci rend tout cela fascinant, impressionnant, éclatant de prestige en y ajoutant de la poésie jusque dans la noirceur des évènements alors parsemée d’une fine et délicate émotion. L’exotisme est également de la partie, le spectateur – dont sa curiosité ne cesse d’être en éveil tout au long des 2h40 de film – y découvre tout le faste, un contraste drôllissime et grostesque entre les traditions synonyme d’archaïsme et le monde moderne, une multitude de coutumes et rituels autour de l’Empereur par exemple, un florilège de vies au cœur de la Cité Interdite, mais aussi des passages d’obscurité assombrissant alors la Chine durant toute une période de son histoire, conjuguée par les choix peu judicieux d’un Pi Yu désireux de redevenir Empereur et la manipulation des japonais à l’encontre de cet homme.
Conquis et convaincu, le spectateur l’est grâce à ce film, qui se termine par ailleurs sur une séquence émouvante, pleine de nostalgie. Une fin réussie, tout comme le reste. La première partie reste néanmoins la plus intéressante, avec ce jeune empereur de seulement trois ans qui ne fait que dévoiler l’écart existant entre les fonctions d’Empereur et son jeune âge.
Le réalisateur et toute son équipe ont donc construit une œuvre soignée et précise, nous laissant deviner un souci du détail et de perfection. Au délà d’une musique éclatante, Bertolucci offre une narration vaccillant entre présent et retours en arrière. Ce qui donne au film une certaine profondeur et le rend donc prenant, fascinant, intriguant, avec ce faux suspense où le spectateur a envie de connaitre la suite de ce passé mais aussi le dénouement des situations présentes. La somptuosité des décors nous plonge dans un exotisme infini. C’est un plaisir de retrouver Peter’O’Toole, l’éternel Lawrence d’Arabie du cinéma, toujours impeccable, très « gentleman ». Entouré de brilantes comédiennes, John Lone quant à lui nous transmet toute une émotion. Bref, « le Dernier Empereur » ne peut être qu’inondé d’éloges. Un vibrant et respectueux hommage à l’Empereur Pu Yi.