Ce film, réalisé par Michael Haneke et sorti en 2001, est assez particulier mais néanmoins intéressant. Du style du réalisateur, je n'ai comme expérience que les deux "Funny Games" (l'original et son remake américain), c'est donc assez maigre pour se faire un avis arrêté sur son style, je ne savais donc pas tellement dans quoi je me lançais avec celui-ci. Et bien finalement, même si nous ne sommes pas dans le même registre que "Funny Games" puisque c'est un film d'horreur, enfin surtout violent, complètement assumé, nous pouvons tout de même y retrouver quelques éléments similaires. Effectivement, nous avons ici aussi des personnages torturés et surtout des relations conflictuelles, notamment deux qui sont la relation mère/fille et la relation amoureuse sado-masochiste. Pour remettre les choses dans le contexte, c'est l'histoire d'une pianiste qui entame une relation sado-masochiste avec son nouvel élève. Alors, nous sommes bien loin de "9 semaines 1/2" et encore plus de "50 nuances de Grey" puisque le film explore ici le sado-masochisme à son paroxysme, c'est-à-dire là où ce genre de rapports commence à dévoiler un aspect maladif de la personne aimant pratiquer ces pratiques (ce que, par ailleurs, je ne juge pas du tout). D'ailleurs, c'est intéressant de voir comment les rapports de force s'inversent soudainement à un point spécifique du film et de quelle manière les personnages adoptent ce changement. La construction des personnages est d'ailleurs très bien écrite et très complète, notamment en ce qui concerne Erika dont la psychologie est de plus en plus complexifiée jusqu'à une fin
aussi soudaine que violente
. Le rythme est lent, à l'image d'un film d'auteur classique dirons-nous, mais pour autant on ne s'ennuie pas car cette relation malsaine et éprouvante, à la fois pour les personnages et pour les spectateurs, en devient hypnotisante. En ce qui concerne la B.O., elle est très bonne, nous naviguons entre Chopin, Bach et Schubert et du côté des acteurs, nous avons les excellentes prestations de Isabelle Huppert et de Benoît Magimel, sans oublier Annie Girardot dans le rôle de la mère acariâtre. "La Pianiste" fait donc partie de ces films assez difficiles à supporter psychologiquement.