Ne vous fiez pas à l'apparence de Nada, car derrière son calme et sa discrétion se cache une femme redoutable qui séduit les hommes afin de s'en prend à eux une fois leur garde baissée. Le film est construit sous forme de chapitres avec l'histoire qui est racontée en l'espace de neuf nuits. On découvre le mode opératoire de cette prédatrice qui semble grandement en vouloir aux hommes. Au cours de ces différentes nuits, le procédé est toujours le même et l'histoire n'évolue guère, ce qui nous pousse à nous interroger sur ses motivations. Les réalisateurs flirtent avec différents genres avec leur film qui a un pied dans le réel et l'autre dans l’imaginaire, mais le résultat n'est pas très convaincant. La photographie est élégante et Nour Hajri est convaincante malgré son impassibilité, mais le récit est très froid et manque terriblement de consistance. Ces rares moments de violence ne sont jamais jouissifs tandis que la tension est inexistante malgré les situations délicates dans lesquelles elle se met. En somme, je n'ai pas été convaincu par ce film.
Nada mène une double vie. Pendant la journée, elle est calme, réservée voire mutique, mais la nuit, elle fait des hommes de Tunis sa proie. Ce premier film coréalisé par Youssef Chebbi et Ismaël est un conte très noir, teinté d'horreur, avec sous-jacente une chronique sociale de la Tunisie d'après la révolution. Le film n'explique pas les motivations de son héroïne qui a un compte à régler avec la gent masculine et dont le handicap ajoute encore à son côté louve solitaire, assoiffée de sang. Car sauvage est la nuit dans ce long-métrage hyper stylisé, au noir et blanc inquiétant, au risque de faire passer la forme avant le fond. Néanmoins, avec un récit chapitré en 9 nuits, le film offre une structure visible qui permet d'accepter ses dérives poétiques, oniriques et irréalistes. Cette méduse noire doit beaucoup à son interprète principale, Nour Hajri, amoureusement filmée par les réalisateurs, au visage changeant selon les scènes, qui reste énigmatique et impassible, y compris pendant ses pires méfaits. D'Un divan à Tunis à Un fils, le cinéma tunisien ne cesse d'étonner à s'ouvrant à de nouveaux genres, tout en marquant l'inquiétude permanente d'une société dont les espoirs ont été floués et trahis.