Loup & Chien : les secrets du tournage

Loup & chien est inspiré d'une scène à laquelle a assisté Claudia Varejão en 2016. Invitée en résidence artistique sur l’île de São Miguel, elle est descendue sur un lieu de pêche où se trouvait un groupe de pêcheurs qui nettoyaient leurs filets. n’y avait pas une seule femme à l’horizon. "Je les observais à distance et, soudain, j’ai vu un groupe de filles s’approcher. Elles étaient jeunes et jolies et portaient des robes légères, leurs visages étaient maquillés. En passant, elles m’ont souri et j’ai réalisé qu’elles étaient de jeunes femmes transgenres. Les voyant marcher vers le groupe de pêcheurs, je me suis vraiment demandé s’ils allaient bien se comporter avec elles. J’ai continué à suivre la scène du regard et, à ma grande surprise, le groupe de jeunes femmes s’est approché des pêcheurs qui les ont pris dans leurs bras et les ont embrassées. J’ai compris qu’ils et elles étaient proches, qu’ils avaient des liens familiaux. Apparemment, ces mondes opposés savaient communiquer entre eux même s’il y avait une certaine tension". 

Loup & chien est le premier long-métrage de fiction de Claudia Varejão, qui a signé auparavant plusieurs documentaires : "Ce qu’il y a de plus dans ce film, c’est que dès le départ, je savais que j’aurais un budget plus important et que je pourrais travailler avec une équipe plus grande que d’habitude et, par la même, être plus ambitieuse techniquement. Je me suis autorisée à utiliser la fiction comme un endroit de liberté pour les personnages."

La réalisatrice a situé son film sur l'île de São Miguel pour la façon très musicale d'y parler le portugais, les traditions culturelles, la présence très profonde de la religion, les légendes locales pleines de mystère, et l’impressionnante polarité entre les générations. Par ailleurs, elle était intéressée par les paradoxes liés à ce lieu insulaire, où les stéréotypes de genre sont encore très marqués : "Les jeunes générations grandissent dans ce contexte tout en ayant une vraie connexion au reste du monde grâce aux réseaux sociaux virtuels. Ce sont des jeunes gens avec de nouveaux outils qui savent que la vie peut être plus belle que celle qu’ils vivent chez eux."