Roman photo sous les cerisiers
Depuis 2011 et son Belleville Tokyo, agaçant et ennuyeux, Élise Girard n’était revenue derrière la caméra qu’en 2017 pour l’intrigant Drôles d’oiseaux. Cette fois elle consacre 95 minutes à filmer, ou plutôt photographier, l’immense Isabelle Huppert. Sidonie se rend au Japon à l’occasion de la ressortie de son best-seller. Malgré le dévouement de son éditeur japonais avec qui elle découvre les traditions du pays, elle perd peu à peu ses repères… Surtout lorsqu’elle se retrouve nez à nez avec son mari, disparu depuis plusieurs années ! Hélas, ça ne fait pas un film, loin de là et malgré toute l’admiration que j’ai pour Madame Huppert, je n’ai pu constater qu’elle s’est perdue dans cette espèce d’« Ennui Mode d’emploi » aussi navrant qu’insupportable.
Voilà une vision d’un Japon quasi vide, sans âme, figé quasi glaçant. Que l’on ne vienne pas me parler des belles images de paysages, de lac, de cerisiers en fleurs, je le répète, les belles photos ne font pas des films. Il faut une histoire, des personnages complexes, une intrigue, des rebondissements… mais là, rien ! Il ne se passe rien, ou presque rien. Je sais bien qu’un poète grec de l’antiquité écrivait : Rien ne sort de rien. Il avait du voir Sidonie au Japon. La réalisatrice dans son désir de ne rien montrer a même réduit la seule scène de sexe – le mot est très exagérée – à une suite clichés. Quant au baiser – tout sauf fougueux – qui la précède, il a lieu sous les cerisiers en fleurs en tournant autour des deux amoureux. Navrant ! Et Dieu sait que j’aime les films japonais ! Je l’ai souvent prouvé dans mes chroniques. Quand je pense que certains ont vu là une comédie burlesque ??? D’autres parlent de périple intérieur vers une félicité perdue… Ah bon ! Seule nouveauté, la réflexion sur le deuil, qui hélas, fait flop très rapidement. Même le fantôme semble s’ennuyer ferme. Lisse, vaporeux…. Chiant.
Désolé de le dire, mais la grande Isabelle Huppert est prise au piège du jeu distant et froid auquel le soumet la réalisatrice. Le scénario ressemble à un murmure lointain. Le jeu – le non-jeu -, des acteurs aussi. Elle n’est pas là et de fait, ses deux partenaires non plus. Tsuyoshi Ihara, grand acteur japonais ne sait pas à quel saint – shinto – se vouer. Tout charisme éteint, il erre comme une âme en peine à côté de sa frenchie. Quant à August Diehl, dire qu’il est « fantomatique » serait facile, mais je le dis quand même. Pour le reste… personne. Je vous l’ai dit, le Japon de Sidonie – et d’Elise Girard – est désespérément désert. Pas d’émotion, pas de surprise, peu de dialogues… des belles photos ! Où est le cinéma ?