Nouveau départ : les secrets du tournage

Un nouveau départ est né par l'intermédiaire des producteurs Mathias Rubin et Eric Juherian qui ont proposé à Philippe Lefebvre de voir le film argentin El amor menos pensado, sorti en France sous le titre Retour de flamme. Le metteur en scène se rappelle : "J’ai adoré le sujet. Les enfants qui quittent le domicile parental pour vivre leur vie - ce que l’on appelle le syndrome du nid vide - me paraissait être un bon point de départ."

"Cela me parlait puisque j’ai deux grands enfants dont l’une est déjà partie et que j’appréhende l’envol du second. Il m’a semblé que le sujet était assez universel. Avec ma coscénariste Maria Pourchet nous avons décidé de nous lancer dans l’aventure en tirant l’histoire vers la comédie sans perdre le réalisme, pour suivre un couple de quinquagénaires qui se retrouvent face à face et dans tous leurs états après le départ du petit dernier."

Alors que Philippe Lefebvre travaillait sur le projet avec sa coscénariste dans un café, Karin Viard (que le cinéaste connaît depuis longtemps puisqu'ils faisaient du théâtre ensemble) est entrée et lui a demandé ce qu'il faisait là. Il se souvient : "Je me souviens lui avoir répondu : « j’écris pour toi. » Elle avait ri. Un an après, je lui envoyais le scénario. Elle a été enthousiaste à la première lecture me disant : « je la comprends tellement »."

"Franck, je le connais depuis l’adolescence puisque nos deux familles passaient, chaque année, les vacances dans le même camping en Dordogne, emplacements 17 et 24. J’ai pensé à lui pour incarner Alain en le voyant avec ses enfants. C’est l’homme et le père que je voulais pour le film, plus encore que l’acteur de comédie."

Nouveau départ raconte l’usure des couples. La passion qui s’étiole est quelque chose qui touche Philippe Lefebvre, lequel pense qu'il s'agit d'un problème lié à un manque de maturité chez les hommes. Le réalisateur précise : "Heureusement il y a des facteurs apaisants : la réalisation professionnelle, la construction d’une famille. Mais quand tout cela n’est plus d’actualité, le manque de passion revient.Ce que je trouvais intéressant c’était de parler de ce moment dans la vie où aimer l’autre ou être aimé de lui ne suffit plus, car le problème est ailleurs, il est en nous, indépendamment de celui avec qui on partage sa vie."

"C’est le moment où il faut se réinventer, retrouver une énergie, se redéfinir dans le regard de l’autre… Les problèmes de couple, c’est la confrontation de nos crises intérieures. Bon, c’est seulement mon expérience et ma petite analyse de ce que j’observe autour de moi."

Clémentine Baert incarne Agathe, une jeune femme avec laquelle Franck Dubosc a une relation. "Elle a passé le casting mais je la connaissais pour avoir joué avec elle dans un téléfilm et je l’avais revue à l’écran dans Nous finirons ensemble, le film de Guillaume Canet où elle incarnait la nouvelle femme de Max, le personnage de François Cluzet", se souvient Philippe Lefebvre.

Maria Pourchet, coscénariste du film, est romancière depuis plus de 10 ans. Elle est l’auteure de sept ouvrages dont "Feu" publié en 2021 et qui a figuré sur la première liste des prix Goncourt, Renaudot et Interallié, entre autres. Elle est considérée comme une écrivaine surdouée au style souvent qualifié de "galopant et décapant". Son septième roman, "Western", publié aux éditions Stock, est l’un des événements de la rentrée littéraire 2023. Elle confie au sujet de métier de scénariste :

"La toute première fois où je me suis intéressée à ce métier j’étais en effet très jeune. Je regardais des films avec mon père et j’étais très sensible non pas à l’image mais à l’art de la formule, de la réplique. Je lui ai demandé si c’était un métier d’écrire ce que les gens se disent dans les films. Il m’a répondu : oui et là c’est Michel Audiard. A l’école sur les fiches de renseignements que l’on doit remplir j’ai longtemps écrit dans la case métier envisagé « michelodiar » en un seul mot et avec un o."

Le film se veut le reflet de notre société puisqu'il évoque des sujets très actuels, comme les couples gays mixtes, la PMA, le site de rencontres Tinder, etc. Philippe Lefebvre raconte : "J’écris à partir de ce que j’observe autour de moi mais sans vouloir être universaliste. Les galères de Tinder, je n’entends parler que de ça, c’est même sidérant et un peu effrayant. Après ce n’est pas le sujet du film. Il n’était pas non plus question d’affirmer que toutes les femmes de 35 ans veulent avoir un enfant sans mari."

"Il s’agit juste d’Agathe. L’important c’est que le cheminement et la destinée de chaque personnage soient identifiables et crédibles. Enfin, ce que nous voulions dire c’est que Diane et Alain sont un couple urbain, moderne. Ils ont des enfants quasi adultes qui les aident à ne pas vieillir trop vite. Je dois dire qu’il y a un peu de mon expérience personnelle dans ce constat."