Avis sur Bungalow

Quand la Québécoise Lawrence Côté-Collins débarque dans la salle avant la projection de son long-métrage Bungalow, au Festival du film francophone d'Angoulême, son look flashy où l'on remarque surtout ses chaussures clignotantes, met déjà les spectateurs dans le ton de ce qu'ils vont voir à l'écran. Bungalow parle d'un couple de la classe moyenne qui vient d'acheter la maison de ses rêves, tout du moins quand de gros travaux de rénovation auront été effectués. Comédie très noire et critique de la société de consommation, le film utilise souvent un habillage digne du cinéma d'horreur, tout en maintenant un ton burlesque, qui dérape assez facilement dans le graveleux, tout en assumant parfaitement son hilarante vulgarité. Visuellement, si on se délecte du kitsch, Bungalow a de quoi agresser les pupilles comme le montre (un peu) l'affiche très Almodovarienne du film (qui n'est pas vraiment dans cet esprit-là). Évidemment, pour un spectateur français, les expressions québécoises font toujours leur effet (sous-titres indispensables mais non traduits, ce qui est une bonne formule, même si certains termes échappent) et les dialogues crépitent comme on en a l'habitude dans les comédies délurées de la Belle Province. La réalisatrice qualifie son acteur principal, Guillaume Cyr, de stradivarius, et elle n'a pas tort, mais n'oublions pas sa partenaire Sonia Cordeau, tout aussi performante et sans limites aucunes.

Quel dommage de voir un si beau postulat, de plus enveloppé dans une mise en scène aussi inventive et pleine d’idées, aboutir à une œuvre aussi décevante et ratée. Ou en tout cas trop particulière pour que la pratique soit à la hauteur de la théorie. De prendre comme sujet les travaux ou les rénovations d’une maison d’un jeune couple lambda pour cristalliser les rêves matérialistes (et les désillusions) des jeunes adultes tout en faisant une critique acerbe de la société de consommation semblait géniale. Mais « Bungalow » souffre incontestablement des mêmes tares qu’un autre film québécois sorti il y a quinze jours : « Jour de merde ». Même bonne idée bien trop étirée, même manque de moyens et même humour à froid très (trop) décalé qui tombe à plat.

Comme ce film, on pourrait également dire que « Bungalow » aurait peut-être mieux convenu au format du court-métrage que du long, tant le film se traîne en longueur et nous ennuie à force de séquences inutiles ou trop allongées. Mais le pire demeure que ce qui est annoncé comme une comédie à l’humour noir ne fonctionne jamais. On ne rit jamais et le film se révèle même triste et limite glauque. Les dialogues sonnent faux et les simili gags tombent tous à plat. Heureusement que la cinéaste fait un effort considérable sur sa mise en scène qui permet d’admirer la corrélation parfaite entre le sujet et le visuel qui lui est alloué. Inventive et colorée, elle permet d’au moins se régaler les yeux de petits détails et de bonnes idées comme ces intermèdes en forme de manucure kitsch au possible aux couleurs fluos ou avec le pastiche d’une émission de télé-réalité en mode déco.

On ne passe également pas à côté des piques sociétales bien rendues mais elles sont noyées dans une œuvre redondante et particulièrement terne malgré sa colorimétrie formelle. Les acteurs font ce qu’ils peuvent mais ils ne peuvent sauver « Bungalow » de l’ennui et pallier au fait qu’on a vite envie de sortir de la salle. Surtout que la dernière partie vire au gore un peu ridicule et hors sujet et enfonce ainsi encore plus le clou du mauvais. Et surtout l’impression d’un film qui passe à côté de sa proposition initiale comme du genre qu’il est censé investir (la comédie) sans qu’on ne sache vraiment pourquoi. Malgré ses qualités certaines, voici donc un long-métrage qui nous a laissé de glace.

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J’ai eu l’occasion de découvrir ce film, lors de mon passage à Montréal. Une avant première en présence de la réalisatrice et de l’actrice principale. Bungalow est un magnifique mélange de « vraie » comédie, celle où l’inattendu nous décroche un gros bon rire. Et une « vrai » profondeur dramatique. Le tout excelle dans une mélange Esthétique rempli de détail. Je ne sais pas ce qui se passe dans la tête de cette réalisatrice, mais son œil est incontestablement parfait !