Le Jour où j'ai rencontré ma mère : les secrets du tournage

Le Jour où j'ai rencontré ma mère est né de l’envie de la réalisatrice Zara Dwinger et de la co-scénariste Nena van Driel de raconter une relation entre un enfant et un parent excentrique. La première explique : "Nous nous sentions toutes les deux particulièrement touchées par ce sujet. Être confronté à un adulte en dehors des normes peut apporter des moments de grande déception et de découragement, mais aussi des moments où cette folie rend soudain la vie plus belle. Nous avons écrit cette histoire du point de vue de Lu, l’enfant mais nous aurions aussi bien pu choisir celui de la mère. Les femmes qui sortent de la normalité me fascinent, c’est un type de personnage récurrent dans mon cinéma."

Les deux personnages du Jour où j'ai rencontré ma mère sont, chacune à leur façon, des outsiders. Lu vit dans un foyer d’accueil, c’est une enfant rêveuse et pleine d’imagination qui possède un serpent en guise d’animal de compagnie. Karina est une marginale à bien des égards : elle n’élève pas sa fille, fuit ses obligations et préfère vivre une vie pleine de fantaisie :

"On pourrait être tenté de lui mettre plusieurs « étiquettes » psychiatriques, mais laissons tomber les étiquettes comme elle le dirait elle-même ! Karina est une grande enfant qui refuse de se confronter à la réalité. D’une certaine manière, Lu sa fille, est bien plus adulte qu’elle et tout ce qu’elle veut c’est « juste » avoir une mère", raconte la réalisatrice Zara Dwinger. Elle poursuit :

"Cette attente va à l’encontre de la devise de Karina : « c’est tout ou rien » et pourtant « juste un petit peu » pourrait être pour elles une façon plus harmonieuse d’être ensemble. Lu finira par se défendre pour se protéger, ce qu’il est important d’apprendre lorsque l’on vit avec un parent aussi imprévisible. Être confronté à ce genre d’adulte peut être aussi douloureux que stimulant qu’on le veuille ou non."

Zara Dwinger explique pourquoi elle a choisi la Pologne pour y situer l'intrigue du Jour où j'ai rencontré ma mère : "Pour un road movie, les options aux Pays-Bas et en Belgique étaient plutôt limitées. Et il y a un lien avec la réalité de notre pays où il arrive souvent qu’en cas d’enlèvements d’enfant par un parent, ce soit vers la Pologne et qu’ils s’agissent surtout d’acte commis par des mères."

Zara Dwinger a voulu accompagner les thématiques sombres du film par un récit ludique et une mise en scène dépassant parfois la réalité. La cinéaste justifie ce parti-pris : "Le ton que nous allions employer pour raconter cette histoire était essentiel, car il s’agit du récit d’une enfant de 11 ans qui doit pouvoir s’adresser à des spectateurs du même âge. La tristesse et le malaise vont de pair avec le plaisir et l’humour. Après tout, dans la vraie vie c’est aussi comme cela que ça fonctionne. Pour moi, c’est important de partager avec un public jeune ce genre d’histoires d’une façon réaliste mais en gardant toujours une lueur d’espoir."

"Si au premier regard cette histoire ressemble à celle d’une mère et sa fille, c’est plutôt l’histoire de deux enfants – l’une a juste grandi plus vite que l’autre. Cette dynamique m’a permis de m’amuser dans l’écriture et d’assumer pleinement le genre « amants en cavale ». En fin de compte, j’espère que le public rira autant qu’il sera ému par le road-movie de ce duo atypique."

Le film est divisé en chapitres. Zara Dwinger justifie ce choix : "Un road movie raconte souvent une histoire sinueuse, une suite de petits incidents. C’est pourquoi nous avons travaillé avec des chapitres au montage, pour créer un cadre, ajouter un aspect féerique et donner un élan supplémentaire à l’histoire. J’aime les figures de style de ce genre."

Rosa van Leeuwen est née à Amsterdam en 2011 et a déménagé à Abcoude avec ses parents à l’âge de quatre ans. C’est là qu’elle a commencé à prendre des cours de théâtre grâce à l’association de théâtre locale. En 2020, Rosa obtient son premier rôle dans le long métrage Mijn Vader is Een Vliegtuig d’Antoinette Beumer. Le film a fait l’ouverture du Festival du film néerlandais 2021.

En 2021 Rosa incarne Piet, le personnage principal de la série télévisée The Terrible Eighties, diffusée début 2022. La série, adaptée du roman éponyme, a été réalisé par Tim Kamps et le scénario a été écrit par Kim van Kooten.