L'Anti Dents De La Mer par excellence, surfant il est vrai sur la vague cinématographique des prédateurs et autres monstres aquatiques de la fin des années 70, mais cette fois ci à contre courant, si je puis dire, au propre comme au figuré. En effet, dans le film de Spielberg, le schéma était que le monstre était le méchant prédateur et les chasseurs de requins, quelque part les justiciers, avec toutefois quelques nuances quant à la complexité du personnage joué par Bobert Shaw. Ici, le prédateur est non pas l'orque épaulard mais bien l'homme, en l'occurrence Richard Harris et son équipe de pêcheurs chasseurs, pour qui, d'entrée, on n'éprouve pas la moindre sympathie. Bien au contraire. Le spectateur ne peut que s'émouvoir devant les malheurs que cette escouade de tueurs de gros poissons infligent à l'orque mâle et sa famille, femelle et bébé - orque à naître. Vous aurez compris que va alors s'installer une terrible histoire de vengeance où l'orque - personnage humain tout autant qu'une personne normale - fera tout son possible pour suivre le bourreau de sa famille jusqu'au bout de ce film captivant, émouvant, où peu à peu le spectateur va s'apercevoir que l'orque devient un monstre auquel celui des Dents de La Mer n'a finalement rien à envier. Une vengeance terrible, même si elle se trouve justifiée. Et en même temps, c'est là que ça devient intéressant, le personnage de Richard Harris - antipathique au début - va progressivement nous attirer vers lui, vers sa détresse et sa tragédie intérieure, tout comme celle de celui qui le traque. Les deux ennemis ne sont que le reflet de l'un et de l'autre. L'orque que lui, à son tour, va se mettre à traquer. Voilà la clé de voûte de ce film singulier. Les rôles sont constamment inversés: le chasseur du début devient la proie pour à nouveau faire face et se mettre sur la piste de celui qui a décidé de le poursuivre jusqu'en enfer s'il le faut. Le tout jusqu'au duel final. Un final splendide, majestueux, déchirant que le spectateur ne peut oublier, surtout car ne sachant quel parti choisir: l'homme où la bête. N'oubliez pas votre mouchoir.