Cuisine et dépendances : les secrets du tournage

Le film est l'adaptation de la pièce de théâtre homonyme écrite par Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui, et jouée en 1991. Ce spectacle marquait le début de la collaboration des deux acteurs-acteurs, qui s'étaient rencontrés en 1987, à l'occasion de la pièce de Pinter L'Anniversaire. Grand succès théâtral (plus de 100 000 spectateurs au compteur), Cuisine et dépendances a remporté 4 Molières : Meilleur spectacle comique, Meilleur spectacle du théâtre privé, Meilleurs auteurs et Meilleur metteur en scène (pour Stéphan Meldegg).

La deuxième pièce écrite par Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui, Un air de famille, qui se jouera en 1994, donnera également lieu à une adaptation cinématographique, cette fois signée Cédric Klapisch.

Les cinq personnages principaux de la pièce sont joués par les mêmes comédiens dans le film. Aucun n'a été remplacé.

Dans le film comme dans la pièce, on ne voit jamais l'invité que tout le monde attend et dont le monde parle, un estar des médias...

Au départ, la maison de production Gaumont avait proposé à Jean-Pierre Bacri de réaliser le film lui-même, mais celui-ci a refusé cette offre. On remarque d'ailleurs que, sur les cinq comédiens du film, il est le seul à ne pas s'être essayé à la réalisation à ce jour (en 2013). Tous les autres ne tarderont pas à passer derrière la caméra : Sam Karmann (après le court métrage Omnibus en 1993, il passe au long avec Kennedy en moi en 1999), Agnès Jaoui (dès Le goût des autres en 2000), Zabou Breitman (Se souvenir des belles choses en 2001) et Jean-Pierre Darroussin (Le Pressentiment en 2005).

Nommé au César du Meilleur second rôle pour sa prestation de frère envahissant, Jean-Pierre Darroussin incarnera un serveur faussement calme dans Un air de famille -sur scène puis à l'écran. Complice du tandem Jaoui-Bacri, il fut le partenaire de ce dernier dans Mes meilleurs copains, où il incarnait un beatnik ahuri qui a marqué les esprits. il fera également une brève apparition dans Le goût des autres. Sam Karmann connait quant à lui Jean-Pierre Bacri depuis qu'ils se sont donné la réplique dans la pièce Lorenzaccio en 1976 ! Il a ensuite joué dans une des premières pièces de celui-ci, Tout simplement, et figuré comme lui au générique du Grand pardon et du Grand carnaval. Il jouera lui aussi un petit rôle dans le premier long métrage d'Agnès Jaoui et il confiera à Bacri le rôle principal de son propre film, Kennedy et moi.

La réalisation de Cuisine et dépendances a été confiée à Philippe Muyl, cinéaste qui n'avait jusqu'alors signé qu'un seul film, passé inaperçu presque dix ans plus tôt : L'Arbre sous la mer avec Christophe Malavoy. Venu de la publicité, Muyl réalisera par la suite la comédie Tout doit disparaître, mais aussi, dans un registre plus tendre, Le Papillon avec Michel Serrault.

Le chef-opérateur du film est le Belge Willy Kurant, connu pour avoir travaillé avec des artistes légendaires et radicaux comme Jean-Luc Godard (Masculin féminin), Orson Welles (Une histoire immortelle), Serge Gainsbourg (Je t'aime moi non plus), Maurice Pialat (Sous le soleil de Satan) ou encore Philippe Garrel (Un été brûlant).

Lors de sa sortie en salles, Cuisine et dépendances est précédé par un court métrage réalisé par un des acteurs principaux du film, Sam Karmann. Omnibus -c'est son titre- marque les débuts de l'acteur derrière la caméra. Cette comédie "à chute" est centrée sur un employé qui voit son quotidien bouleversé lorsque les horaires de son bus sont modifiés. Le film a décroché la Palme d'Or du court métrage, mais aussi l'Oscar et le BAFTA dans la même catégorie !