Avis sur Les Tueuses en collants noirs

Dès le début on se dit "C'est quoi ce truc" car le début est assez confus mais finalement on est pris par ce délire psychédélique pop typique des années 60 qui rappelle des films tel que Danger Diabolik de Mario Bava. Les Tueuses en collants noirs est une série B avec un très gros B, du bis sympathique formant un tout brouillon mais dynamique et jamais ennuyeux à regarder, une vraie BD filmées avec des scènes d'action à gogo et un ton léger agréable par son côté totalement amateur dans ses scènes de bagarre mais assumé. Même si ce type de cinéma révèle rarement de grandes œuvres pourtant j'y prends beaucoup de plaisir à le mater.

Une série B japonaise bien série B, un peu du genre de celle que Woody Allen a détournée pour son premier film "Lily la tigresse", avec une intrigue tirée par les cheveux, des dialogues à deux balles remarquables de répétitivité, des faux raccords énormes, des bagarres confuses et qui ne distinguent pas par leur réalisme, et surtout une bonne grosse dose de kitsch avec notamment des numéros de danse qu'on ne sait pas ce qu'ils foutent là mais ils sont là ...
Bref on peut l'apprécier si on prend ce film au deuxième voir au troisième degré (avec un titre comme celui-là fallait s'y attendre !!!) et on peut se marrer devant. Mais le grand mérite de ce machin c'est qu'on s'ennuie jamais devant, et puis les femmes dans l'histoire ont un intéressant caractère bien trempé ; d'ailleurs la dernière scène montre qu'elles ont toujours le dernier mot...
Une curiosité venant du Pays de soleil levant qu'on prend un plaisir coupable à voir.

Je n'avais pas autant rigolé depuis mon premier Max Pecas, et pour moi c'est beaucoup dire parce que le second degré, en principe c'est pas mon truc. Mais là, comment ne pas rendre les armes devant tant de candeur machiste, tant d'hypocrisie et de pudibonderie tout aussi candides ? spoiler: Il y a bien des femmes fortes, mais elles meurent les unes après les autres, parce que faut pas exagérer, une femme c'est fondamentalement vulnérable quand même. Elles tirent bien contre l'hélico des méchants avec des fusils, mais c'est le héros qui le descend avec son gros canon de bois, parce que faut pas exagérer, une femme c'est fondamentalement impuissant quand même. On vous fait mater des seins et des corps dénudés, mais c'est dans l'intérêt de l'action, ou même du bien et du mal, et puis finalement c'est la dinde qui ne sert qu'à se faire kidnapper et enchaîner qui survit, parce que faut pas exagérer...
Traversé par les courants contradictoires d'un féminisme naissant et d'une domination masculine bien installée, d'une libération sexuelle naissante et d'un puritanisme bien installé, "Les Tueuses" résout l'équation dans la sublime (et si candide !) réplique finale, un vrai joyau pour psy voulant expliquer la notion de projection : spoiler: "Les femmes sont compliquées !"
. Ce film est une véritable photographie d'époque, d'autant plus jouissive qu'elle est parfaitement involontaire. Ensuite, forcément, le féminisme explosa.