J'ai vécu un moment inoubliable devant ce bijou d'émotion et de tendresse. D'une puissance rare, ce film porte sur une morale remplie d'espoir qui nous montre à quel point la vie est si belle et qu'elle ne doit pas être gâchée par n'importe quelle maladie..
Ce film raconte l'histoire vraie de Christy Brown, né en 1932 avec une paralysie cérébrale, une maladie qui interrompt le fonctionnement normal du cortex cérébral. Toute sa vie, il ne put bouger ses bras, ni même ses jambes, hormis son pied gauche, d'où le titre du film. Pourtant, il ne s'est jamais incliné comme une personne atteinte d'un handicap. Certes, il en a éprouvé des épreuves insupportables, que ce soit au niveau verbal ou physique, mais c'était un battant qui voulait vivre sa vie, être considéré comme une personne « normale ». C'est ce que ce film tente d'y apporter, un message d'espoir dont on doit en apprendre beaucoup..
Ce chef d'oeuvre se délecte par son excellent scénario. Même s'il est tiré du livre autobiographique de Christy, il ne suit pas sa chronologie dans le but d'accentuer les traits du héros et les enjeux auxquels ce film met en avant..
Ce n'est pas un mélodrame insistant, ce n'est pas patho, bien au contraire. On découvre plusieurs facettes de la personnalité de Christy, une personne ambiguë à la fois attachante, sensible, bouleversante et courageuse,
mais également voleur et quelque peu capricieuse (scène du restaurant lorsqu'il apprend qu'Eileen va se marier, ou même avec Mary juste avant le discours de Lord Castlewelland)
. De temps en temps, on rigole, cela correspond à l'humour typique venant de Dublin, y compris pour la musique rationnelle d'Elmer Bernstein..
En effet, on a tendance à l'oublier mais ce film est 100% irlandais : acteurs, techniciens, producteurs, réalisateur... Le premier film de Jim Sheridan (« Au nom du Père », « The boxer »,etc...) s'est fait connaître internationalement par l'intermédiaire d'Harvey Weinstein (un grand producteur américain) qui a poussé sa société de distribution « Miramax » à l'exporter Outre-Atlantique, pour aller jusqu'à la 62ème cérémonie des Oscars en 1990 où il remporta deux récompenses amplement méritées. Je lui aurai même donné encore plus de récompenses, notamment pour la réalisation, entre autres, qui est superbe..
En tout cas, Brenda Fricker reçoit l'Oscar de la meilleure actrice pour un second rôle. Toute en sensibilité à travers cette histoire incroyable, elle refléte avec ferveur la maman de Christy, une femme forte, incroyable qui lui a offert tout son amour afin qu'il est le goût de la vie et qu'il concrétise ses rêves. Elle a vu son fils grandir, traversant des moments déchirants dans son enfance
(maladie de sa maman, rejet de son père)
, ce qui lui a permis, par la suite, de construire sa propre personnalité à l'âge adulte..
Christy Brown est interprété par le jeune irlandais Hugh O'Connor, tout simplement impeccable. Même si on le voit peu, je reste quand même bluffé par le jeu d'acteur de cet enfant âgé seulement de 14 ans à l'époque, qui livre une performance à l'image du talent « légendaire » de Daniel Day-Lewis. Ce dernier a d'ailleurs reçu son premier de ses trois Oscars de sa carrière grâce à ce film et on ne peut que l'applaudir lorsqu'on observe comment il incarne avec maestria le Christy Brown adulte. On ne cesse d'y écrire ses louanges à cet acteur de « l'extrême » qui endosse un rôle avec sérieux et passion au point de ne pas s'en séparer tout au long d'un tournage, même après les prises tournées..
Pour conclure, ce film a toutes les qualités requises : intelligent, émouvant, drôle, poétique,... pour être considéré comme l'un des plus grands chefs d'oeuvre dramatiques du 7ème art, par son héros mais pas seulement. C'est peu commun de voir un film centré sur L'Irlande du XXème siècle, cela change et on est tout aussi captivés de découvrir la ville de Dublin où Jim Sheridan a eu l'intelligence de nous faire plonger dans la vie de ses ouvriers pour dénoncer la politique arbitraire de l'époque...