Rob Cohen n’a pas vraiment brillé dans le cinéma, mais il lance bien des pistes que les grands producteurs s’arrachent aujourd’hui. Mais il faut un début à tout et il possède au moins le mérite d’innover, d’une certaine façon. Ici, il s’attaque à l’espionnage, mais de manière à pouvoir se rapprocher d’un public plus engagé et donc plus jeune. Il réédite la formule de son « Fast & Furious » avec une dose de « Cœur de Dragon », où Vin Diesel saura s’impliquer à merveille.
Le personnage qu’il incarne, à savoir Xander Cage, alias triple X, possède tout le charme d’un espion décomplexé. Contrairement aux classique James Bond et à présent Mission Impossible, il porte en lui uniquement des motivations personnelles. Il fait office de cette figure anti-héros de l’américain moyen. Il ne répond pas au gouvernement ni au patriotisme, ces messages moraux qui sont si souvent traités. A la place, on a à fait à une personne lambda qui est familier aux simples plaisirs de la liberté au sens large. Sorti un peu de nulle part, il s’illustre à travers des cascades de haut vol. Ce passionné d’adrénaline détient tout de même une démarche trop linéaire. C’est sans doute tout l’intérêt du projet, offrir un rôle qui porte l’intrigue par ses prouesses de cascadeur. On en néglige tout de même le fond du personnage, qui est limité émotionnellement. Fusillé du regard par Yelena (Asia Argento), il sombre dans les clichés du genre et on sort complètement du fil rouge qui nous préoccupait.
Voilà le véritable souci, car bien que le film propose un divertissement correct, le scénario se permet des va-et-vient trop brusques. C’est comme les montagne russes, si l’on n’accroche pas sa tête, on peut perdre des informations en cours de route. Celui qui reste en place, c’est le recruteur l'agent Augustus Gibbons, où Samuel L. Jackson lui donne un ton sarcastique. Ce qui est approprié dans ces conditions, mais la fourberie derrière ses discours se révèlent souvent niaises, comme la plupart des scènes d’action qui suivent. Là où 007 parvient à trouver l’harmonie dans l’exécution de sa mission et son charisme naturel, Vin Diesel perd au change pour un ton très décalé et trop monotone.
Par ailleurs, les fidèles reconnaitront une bonne poignée de célébrités de l’extrême. Des caméos qui viennent de nouveau renforcer cette hargne à vouloir titiller les sensations fortes. Mais on ne dépasse pas le visuel qui tient ses promesses spectaculaires, sans jamais nous y inviter. L’intrigue ne tient que sur une succession de cascades, raccordés par un vide. Le réalisateur comble ainsi ses lacunes par des nécessités scénaristiques bien trop classique pour que l’on s’y intéresse avec sincérité.
Au final, « xXx » est le rejeton illégitime que le MI6 n’aura pas à envier. Il ne s’agit ni plus ni moins d’un pop-corn movie sympathique, rythmé et en accord avec ce que Rob Cohen propose de mieux depuis un moment. De plus, le maigre succès du film lance néanmoins l’acteur et bien d’autres sur un tremplin que Columbia TriStar Films profitera également.