William Wellman n'est pas à proprement parler un spécialiste du western au début de sa carrière, mais en quelques anées celui-ci réalise quelques chefs-d'oeuvre du genre comme Buffalo Bill (1944) ou La ville abandonnée (1948). Ce dernier est tourné avec le même scénariste de L'Etrange incident, Lamar Trotti, collaborateur de John Ford et de Dudley Nichols, Wellman réalise aussi deux films en 1951, Au-delà du Missouri et Convoi de femmes. Il adapte en 1958 un autre récit de Walter Van Tilburg Clark , Track of the Cat avec Robert Mitchum.
Darryl F. Zanuck le patron de la Fox, dit avoir laisser produire le film par celle-ci "plus pour le prestige que pour l'argent" selon ses propres termes, et il rajoute devant William Wellman: "Vous pouvez le tourner mais il ne vous rapportera pas un cent".
L'Etrange incident est un un chef d'oeuvre sinistre, fait avec un petit budget par William Wellman en 1943. Basé sur le roman de Walter Van Tilburg Clark, produit et écrit pour l'écran par Lamar Trotti, c'est un film intense qui met en cause les frontières de la justice avec des personnages simples qui représentent des positions philosophiques, des attitudes et des opinions différentes. Le film critique le lynchage assez courant dans l'Ouest américain de trois hommes suspicieux.
Bien que réalisé en 1943, les distributeurs ne sortent le film que deux ans plus tard, à cause du message pessimiste et sombre que fait passer le film. Pour autant la critique acclame l'adaptation fidèle du livre, mais le film ne rencontre pas le succès au box-office.
D'autres classiques existent sur ce thème du lynchage, notamment Furie (1936) de Fritz Lang et La Ville gronde (1937) de Mervyn LeRoy.
Gerd Oswald a realisé un remake en 1955 pour la télévision américaine avec Robert Wagner, Cameron Mitchell, Raymond Burr et Hope Emerson.
L'Etrange incident ne reçoit qu'une nomination aux Oscars pour le meilleur film, chose assez rare, il n'est pas nommé dans d'autres catégories.
L'Etrange incident est tourné pendant la seconde guerre mondiale, à cette époque où la haine est présente partout et surtout dans la bouche d'Hitler, il est normal pour certains cinéastes dont William Wellman de transposer celle-ci à l'écran, mais chose inhabituelle dans un western. En se servant du lynchage, il casse le mythe du cowboy, héros solitaire et courageux, pour faire d' Henry Fonda un individu passif.