Avis : La Main du diable - Page 2

Produit sous l'Occupation, Jacques Tourneur revisite le mythe de Faust avec ce conte fantastique à l'atmosphère oppressante, servi par une mise en scène sublime (avec notamment les jeux d’ombres et lumières), et une interprétation impeccable .

Nouvelle variation autour du mythe faustien, ce drame de l'avidité de réussite et d'amour démarre plaisamment avec cette narration en analepse auprès des clients d'un hôtel retiré auxquels les spectateurs sont invités à s'identifier. Dynamique, le récit bénéficie de la justesse de l'analyse psychologique, d'une représentation intelligente du diable et du mélange générique entre fantastique et cheminement intérieur. Cependant certains dialogues, certaines interprétations, certains effets de mise en scène marquent l'âge de cette réalisation tandis que le scénario classique opte pour un biais original voire déconcertant en sa dernière partie. Globalement agréable par son cynisme et sa fausse légèreté.

Intéressant de découvrir une œuvre de la Continental, au graphisme fantastique qui rappelle les grandes heures de la création berlinoise des années 20. Issu d'un texte de G. de Nerval, ce conte nous plonge dans une ambiance étrange quoiqu'un peu surannée. Vaut le coup pour Pierre Fresnay et quelques scènes très sculptées au niveau éclairage quasi théâtral. La mayonnaise tarde cependant à monter, pour donner de la hauteur et de l'ampleur à une histoire de tentation banale, incarné par une réincarnation du diable en 43! Si une deuxième lecture était voulue par Tourneur, elle restât bien pale, pour ne pas subir les foudres de la censure.
TV - mars 22

Roland Brissot, peintre minable, rencontre un étrange restaurateur qui lui fait une offre troublante : en échange d'un sou, Roland peut acquérir un mystérieux talisman (une main dans un coffret) qui lui apportera la gloire, l'amour et la fortune. Ce qu'il ignore c'est qu'il devra vendre cette main un an après l'avoir acheté, sans quoi le Diable viendra lui réclamer son âme... Assez rare dans le cinéma français, le genre fantastique a pourtant connu de belles saillies. Ici, c'est Maurice Tourneur (père de Jacques) qui orchestre ce récit avec un sens de la mise en scène sacrément travaillé, jouant sur les ombres pour mieux dépeindre le trouble de son personnage, incarné par un Pierre Fresnay décidément excellent. Si le récit finit par perdre de sa force dans sa toute dernière partie, on se régale de se plonger dans ce film à l'ambiance délicieusement inquiétante où le Malin prend la forme de l'irrésistible Palau pour un film dont la découverte est à conseiller par une nuit sans lune.

De quoi être dubitatif ! Ce film à quoi pour lui ? Une incontestable maîtrise du cadrage et de la photographie, un Pierre Frenay qui crève l'écran, une Josseline Gaël bien agréable… Mais le scénario ? On a comme une impression de brouillon où les bons moments voisinent avec le bâclé. Le récit est débité sur l'air de "J'en veux, j'en veux pas, j'en veux, j'en veux plus… avec un diable agaçant et aussi inquiétant qu'un courant d'air, il trouve vite ses limites et finit par sombrer dans le grand n'importe quoi avec un dernier quart d'heure complètement raté. A noter la très courte apparition de Noël Roquevert (très mauvais en cuisto italien) et celle complètement incongrue de Pierre Larque

Le film me donne envie d'en découvrir davantage du réalisateur. On suit donc l'histoire d'un peintre qui a acheté la main du diable et qui raconte son histoire à des voyageurs dans une auberge. Le film se suit vraiment sans déplaisir, notamment grâce à l'ambiance fantastico-mystérieuse que lui insuffle son réalisateur. Il y a un certain côté ludique là dedans, certaines scènes sont vraiment bien foutues. Je ne trouve pas que le film soit plus mémorable que ça, c'est vraiment pas un grand film, c'est un petit film mais tout à fait sympathique et agréable. Il est de durée courte (1h20 en gros si je me souviens bien), il n'a pas d'aspect poussiéreux ou autre. Bref, voilà qui me donne envie d'en découvrir plus du réalisateur, en espérant que ses autres films aient un peu plus d'amplitude tout de même.

Maurice Tourneur revisite Faust et pousse Pierre Fresnay à faire pacte avec le diable. Le film intrigue vraiment au début, se maintient durant le long flashback mais fini par vaciller à l’approche de sa conclusion. J’ai en effet trouvé les 15 dernières minutes mal torchées malgré d’intéressants effets de mise en scène rappelant l’impressionnisme allemand.

Le fils est plus célèbre que le père et pourtant qu’il est bon ce film du papa de Jacques Tourneur (parmi ses derniers) ! L’histoire, c’est celle d’une malédiction qui se transmet de main en main. Un gars criblé de dettes achète une antiquité qui lui promet fortune et réussite. Mais il ne doit absolument pas mourir en étant propriétaire de cet objet ou il est promis à l’enfer. Le hic, c’est que c’est pas lui qui fixe le prix de vente. Excellente surprise que ce petit thriller fantastique. L’interprétation est parfaite et le scénario est proprement diabolique ! Comme dans cette fabuleuse scène d’ouverture, on se laisse happer par le rythme haletant du film et par les enjeux qui se découvrent peu à peu. Cerises sur le gâteau, la photo est sublime et le film emprunte tout plein de techniques différentes allant jusqu’aux ombres chinoises. Un must !

La famille Tourneur fait partie de ces réalisateurs qui ont influencé des générations de réalisateurs de films de genre. Plus précisément nous avons ici affaire au père, Maurice Tourneur, qui a réalisé entre autres ce classique du fantastique français qu'est "La Main du diable". La prestation du célèbre Pierre Fresnay, qui livre ici une des meilleurs performances de sa carrière de comédien, reste le plus grand atout de ce long-métrage, entouré par des acteurs convaincants et inspiré par un scénario rusé et bien construit. Ce qui est aussi intéressant, c'est la manière dont Tourneur père utilise le fantastique : finalement très discret mais présent aux moments les plus importants (avec des trucages probants). Il apporte une atmosphère de tension permanente chez le héros, qui finit par gangréner le spectateur et ne le lâche plus jusqu'au dénouement, typique de l'époque mais filmé avec une puissance dramatique et un sens du spectaculaire remarquable. Probablement le meilleur film de son auteur.

Rare sont les films fantastique français de cette époque, un conte macabre avec un theme proche de celui de Faust. Pas mal de scènes très inspirées et réussies, à la fois symbolique et expressionniste, une oeuvre à redécouvrir.

Un très beau film fantastique français, méconnu et pourtant superbe. Réalisé par Maurice Tourneur en 1943 et tiré de la nouvelle de Gérard de Nerval "La Main enchantée", on est plongé dans une histoire qui nous fait réfléchir sur le désir, l'illusion du monde, la fatalité, le bien et le mal, avec intelligence. Excellent Pierre Fresnay qui joue l'artiste peintre sans talent, rongé par l'envie de gloire et incroyable Josseline Gaël
qui joue à merveille cette femme horriblement méchante, qui n'a d'yeux que pour les forts. On peut noter les magnifiques décors d'André Andrejew, qui rappellent le cinéma expressionniste allemand. Petit bémol : une fin un peu vite mis en boîte. A voir tout de même pour les cinéphies bien que méconnu hélas.

Nul besoin de grands effets spéciaux pour faire un grand film fantastique. C'est bien là le principal enseignement à tirer de cette "Main du diable" tournée par Maurice Tourneur (le père de Jacques), qui offre à Pierre Fresnay, un de ses plus grands rôles. L'histoire se tient de bout en bout, alternant le fantastique et le surréalisme pour au final conquérir et captiver le public. A quand un remake de cette excellente histoire ?

La Main du diable est un des rares films fantastiques Français. Maurice Tourneur y réalise une extrapolation prenante et réussie autour du mythe de Faust. Le film étant sorti en 1943, il est plaisant de l'interpréter comme une métaphore de l’oppression nazie, malheureusement, cela semble moins probable lorsqu’on sait qu’il fut distribué par la Continental-Films, dirigé par les Allemands pendant l’occupation pour garder mainmise sur le cinéma Français. Néanmoins, Alfred Greven, qui était à la tête de la Continental-Films, n’obéissait pas toujours aux ordres de Goebbels (qui voulait que les films soient les plus mièvres et vides possibles). Bref, cette touche historique permet de montrer l’ambiguïté de l’interprétation de La Main du Diable : comment, pour un film sorti sous l’occupation, ne pas penser à cette dernière quand le film parle de la tentation du diable ? Mais prenons le film pour ce qu’il est, c’est-à-dire un bijou du cinéma Français, une mécanique de l’angoisse bien huilée. La mise en scène est excellente, la photographie en noir et blanc parfaite. Très prenant, le film nous embarque dans un cauchemar sans rédemption, sans issue de secours ; un film également en avance sur son temps, que ce soit par le personnage de la femme absolument détestable, la structure en flash-back ou bien les visions hallucinatoires qui font penser aux futurs Procès de Welles ou encore certains Kubrick (les déguisements à la fin de Shining). Donc, La Main du Diable reste un des meilleurs films fantastique... tout court, pas que Français.
Ma note : 9/10

Un belle réussite à voir si on a aimé la série la 4°dimension.

Un grand chef-d'oeuvre du cinéma fantastique français. Cette nouvelle adaptation du thème de Faust d'après De Nerval est l'unique film fantastique de la Continental a avoir été tourné durant l'occupation, où ce genre de film était très prisé car facilement présentable devant les commissions de censures. Le sujet du film est tellement puissant et brillement mise en scène que le reste se passe de commentaires.