Avis sur Aelita

"Aelita" fut un des premier gros budget du cinéma russe fait dans le but de rivaliser avec les films étranger de l'époque. Basé sur une nouvelle de Tolstoy, le synopsis basique était que le héro étende la révolution russe sur Mars, mais les décorateurs russes de l'époque furent tellement enthousiastes au projet, qu'ils se laissèrent emporter par leurs imaginations en créant des décors issuent du constructivisme russe et que l'idée de montrer le peuple marsien opprimé par ses dirigeants est à peine perceptible.
Paradoxalement Protozanov met en scène la misère engendré par cette révolution (les restrictions alimentaires, la réquisition de force des logements), des faits que les censeurs russes vont vites faire disparaitre des écrans.
"Aelita" est considéré comme un des premier film de science-fiction du cinéma avant le "Metropolis" de Fritz Lang. Mais a bien y regarder, ce n'est qu'un remake du "Voyage dans la Lune" de Meliès mis à la sauce propagandiste du communisme. De plus hormi le voyage spaciale vers Mars, cela reste un mélodrame des plus classique du cinéma muet. Aujourd'hui seul la curiosité des décors marsien garde l'intérêt de ce film.

Même si on voit un film 82 ans après sa réalisation, en prenant en considération les données techniques de cette époque on peut exprimer un avis, peut-être plus neutre car le régime Soviétique n'existe plus. Il s'agit d'une propagande grossière sans aucune finesse avec l'absence de toute vraisemblance. Comme put-on considérer que ce régime terrestre pourrait gagner une planète évoluée ? Fallait-il adapter ce message ? Les images n'ont aucune esthétique particulière et l'histoire semble avoir été modifiée selon les besoins du régime communiste. L'intérêt de la science ou le débat sur les conséquences éventuelles de son développement sont aussi absentes et même il n'y a aucune perspective futuriste.

Certaines personnes considèrent que cette superproduction de science-fiction soviétique a inspiré "Metropolis". Or si on excepte certains accessoires de décor et un épisode qui ne compose qu'une infime partie de l'histoire, celle de la révolte des ouvriers du sous-sol, rien d'autre ne peut se prétendre être une source d'inspiration pour le chef d'oeuvre de Fritz Lang auquel "Aelita" est en tout point inférieur. Paradoxalement et étonnament, si la propagande socialiste ne nous est pas épargnée, en particulier dans les scènes martiennes, le film n'hésite pas à critiquer une Russie communiste pleine de miséreux. Rien que pour cela, "Aelita" aurait pu prétendre au rang de "grand film" si l'intrigue n'était pas aussi confuse et longue à démarrer ce qui a pour conséquence que l'ennui pointe quelquefois. A voir au moins par curiosité.

Une excellente surprise, ce film où le ton léger prédomine et où l'humour n'est pas absent se déguste telle une friandise. Evacuons déjà les conneries débitées en boucle sur ce film. Non ce n'est pas un film de science-fiction, mais un film dans lequel le héros fantasme sur la planète Mars ! Non, ça n'a pas grand chose à voir avec Métropolis et s'il est exact que c'est tiré d'un roman de Tolstoï, ce Tolstoï-là s'appelait Alexis et non pas Léon. Ce qui charme dans ce film c'est son côté farfelu complètement assumé (déjà la clé du film, le message mystérieux, mais ne dévoilons rien). Ensuite, et c'est un véritable tour de force, le réalisateur parvient à faire sans en avoir l'air une critique des conditions de vie dans l'URSS, et même mieux, de ridiculiser les mouchards de la police politique. Les actrices sont très belles, Yuliya Solntseva dans le rôle d'Alita et Valentina Kuindzhi dans celui de Natasha. Les passages martiens sont très réussis graphiquement avec des décors et des costumes dans un pur style constructiviste qui aura une influence durable sur le genre (voir Flash Gordon). Evidemment la prod (ou plutôt les commissaires du peuple) sont passés par là et ont imposé une fin de rêve martien d'un ridicule achevé : "Suivez notre exemple, camarades et fondez l'Union des Républiques Socialistes de Mars !" mais qui au second degré est à se rouler par terre. Quant à la fin terrienne, l'ordre soviétique est sauf et le (vrai) méchant est arrêté par les flics. Mais qu'importe cette fin, elle est tellement artificielle qu'elle apparaît extérieur au film qui n'en reste pas moins magnifique ! --------------------------
PS : Il est intéressant de savoir ce qu'en disait la presse officielle soviétique (les Izvestia) "La montagne a accouché d'une souris, c'est beaucoup de bruit pour rien. Un an de travail, des dépenses considérables pour la mise en scène et de la publicité, la meilleure organisation technique, un célèbre réalisateur, des acteurs intéressants, un roman célèbre, un vol dans un autre monde, la révolution sur la planète Mars, la Russie soviétique en 1921…. et le résultat : un rêve idiot de petit bourgeois."

Moi qui m'attendais à l'équivalent russe de Metropolis je suis plutôt tombé des nues, Aelita n'est pas réellement un mauvais film mais outre le fait que l'histoire se déroule très peu sur Mars, le scénario est confus et peine à nous captiver.
Reste chose surprenante pour un film soviétique, un point de vue critique envers la nouvelle société révolutionnaire mais par contre ses cosmonautes (ou plutôt voyageurs de l'espace) exportent le communisme sur la planète Mars qui est sous la coupe d'un régime totalitaire.
Les décors sont limités sur la planète par contre les costumes sont pas mal, mais Aelita ennuie plus qu'émerveille.

Sous des allures de science fiction, la majeure partie du film met en avant une romance dramatique pour finir, aux alentours de la fin, vers un voyage vers Mars qui finit en Révolution d'Octobre bis. Nul doute, avec ce parfum de propagande et de fort message social, qu' "Aelita" s'inscrit bien dans son époque mais son caractère propagandiste ne parait pas approprier par rapport à cette histoire de conquête spaciale devenant de fait anecdotique. Sans intelligence ni finesse, le scénario se perd dans un mélange des genres inadéquat et un entremêlement d'intrigues non abouties. A cela s'ajoute de nombreuses longueurs et un ennuie qui prend rapidement le pas sur l'intérêt du début et ce malgré quelques bons plans

Dans ce film, y a du bon... Et du moins bon. Regarder un aussi vieux film, c'est toujours une chouette expérience, et c'est toujours bluffants de voir à quel point, les contraintes de l'époque ne posaient pas de soucis pour s'en sortir ! Aelita est donc un film muet. Et qui dit film muet dit musique. Ici, l'arrangement musical est très efficace. Il accompagne merveilleusement bien la narration, avec une utilisation intelligente de Leitmotiv. Dans ce film, tout n'est que symboles et rêveries, et ce point là est très réussi. Ma seule vraie déception, c'est que le film se focalise sur une histoire de couple assez banal. On ne peut cependant pas reprocher un manque d'originalité, vu qu'à l'époque c'était une des premières... Mais pour donner un seul exemple, ce message bizarre en morse, élément très prenant et efficace en début de film, n'est au final que très peu utilisé. Mais tout ça n'est pas si important, parce qu'aujourd'hui, on regarderait plus ce film par envie de voir le passé, que par envie de voir un film. Donc si vous êtes curieux de ce que c'était un vieux film, et bien lancez-vous.