M. Night Shyamalan, on le sait, maitrise les tempos, son rythme global, fluctue de par son savoir faire une ambiance qui monte et descend à sa guise. Signs, en est à ce petit jeu son film le plus captivant selon moi !
Le film nous place tout de suite sous tension, nous narre une collision entre le drame personnel que l'on découvre par petites touches, et l'histoire plus grande qui dépasse le quotidien de cette famille à la fois tradi et pas aussi ordinaire. Les évènements, sous l'impulsion d'une mise en scène parfaite continue, même après avoir vu et revu le film, à suscité une angoisse et à entreprendre le cheminement - selon mon point de vue - d'un rétablissement par acte de foi, certes, mais surtout par le lien indestructible de la tendresse qu'entretiennent ce foyer. J'en invoque touts ces petits " riens ", toutes ces scènes un peu sortit du grand défilée, de l'approche au plus près de ces membres, dans l'incompréhension, avec le ridicule parfois ( ces casques comme meilleur symbole ! ), dans l'adoration qu'ils entretiennent y compris de par leurs divergences et différences. La scène du repas, du gueuleton familiale loin des rires et de toute jovialité est un paroxysme en l'état, mon passage préféré de ce film, du moins celui qui me reviens à chaque fois que je pense à ce long-métrage.
Je n'ai pas toujours été " fou " de ce film, je le reconnais, je n'y avais vu lors de mon premier visionnage qu'un divertissement de plus ... Je n'avais au fond pas regardé plus près, au contraire, il me semble que pour moi Signs n'était qu'une distraction, un truc pour graillé devant. Mes retours, ont par la suite éveillé mes sens, comme pour toute la filmographie de ce réalisateur que je trouve vraiment passionnant. En quelques sortes, c'est en partie grâce à ce cinéaste ( et d'autres également ) que je m'en rends compte de mon évolution, moins cynique, dans le fond comme en surface. J'en prend comme exemple, son final en apothéose, qu'importe à mes yeux l'explication puisque je sent la proximité, j'en comprends sa peur, ses motivations, son seul questionnement ... Sans prétentions, je m'identifie, à une faille, qui devient acte de contrition sans mysticisme, ni recherche d'absolution, entre réel et logique et incompréhensions plus grande accepté.
Signs est une lecture qui emploie un sous-texte, qui utilise ses matériaux, met du cœur à l'ouvrage et restitue des tensions flagrantes dans le giron de ces provinces, contrés, ou les habitudes et avis se mêlent à l'ordre, que les nouvelles donnes n'ont pas bonnes presses, dont la transmission échelonné tiens de l'héritage et de l'allégeance. Là encore, il y'a bien des signes qui en attestent ! La TV, les livres, la culture dans ses grandes et moins grandes lignes comme l'échange plus direct entres protagonistes donnent à voir des passages exquis en l'occurrence de l'analyse même de ces " croyances ".
La mise en scène de Shyamalan, vite évoqué tiens aussi du petit miracle ! On sent la encore, ses proches attentes, ses liens avec ce qu'il film, raconte, dans son paysage, sa description, des décors que l'on voit au travers de ses différents films, comme une correspondance avec soi, au détour de témoignages, de vies pas si anodines ... Comme dépassé par les évènements, ces protagonistes qu'ils façonnent déambule dans ce champs des possibles, ou tout est si peu évidents et compréhensibles, qui usent de leurs moyens, de leurs manques, pour parvenir à continuer. La crise d'asthme, dans la cave, est une autre des concordances magiques que capte ce film là encore, à titre d'exemple, un de plus.
Mel Gibson, comme Bruce Willis avant, trouve dans le cinéma de ce réalisateur un rôle d'une force embellit par les interrogations. L'étalonnage dont fait preuve le réal de ce film rejaillit dans le jeu fécond de cet acteur qui a, on le sait, une prépondérance pour de tel substitut. Graham, est une magnifique clé à déchiffrer, qu'il soit au abois à la fenêtre de la voiture de l'homme qui est responsable d'une partie de ses malheurs, comme dans l'action qui s'ensuit, il démontre un caractère, une douceur, un alliage de ses types qui luttent au delà de la survie. Son frère, Merill, qui sous les traits d'un Joaquin Phoenix sur un fil ( là ou il est en somme l'un des plus brillants dans le registre ! ) entrouvre là aussi un parallèle raccord et contraire. Ce dernier plus brut, nettement moins fin, chavire dans son existence et emploi un double exemple dans le rapport de condition, subite et voulue. Les enfants, Bo et Morgan, eux aussi ont de quoi insistés sur les prises de vues, ont un poids entre le réel, le poids de l'un, et l'irréel et la légèreté de l'autre. Il et elle brouille les cartes, les deux petits gamins qui les incarnent sont au-delà du " gosse service " et démontre qu'à eux deux, ils tiennent la cadence de leurs ainés !
Les seconds rôles, à commencé par son metteur en scène qui une fois de plus ce place devant la caméra ont aussi à êtres mentionnés. Caroline Paski, la shérif de ce petit coin de Pennsylvanie porte les traits d'une Cherry Jones admirable. Une fois n'est pas coutume, il y'a là encore tout un paradoxe entre les interventions de cette dernière, entre incapacités à solutionnés quoi que se soit, et le calme qu'elle déploie dans son entreprise de réconfort, de présence, telle une protectrice dépouillé de sécurité, une accompagnante qui tiens à bout de bras les âmes en bernent ...
Un film qui me prend aux tripes, dans son regard sur la souffrance contenu, qui avec une perte de repère dans un chamboulement encore plus conséquent vivote entre Survival et drôlerie absurde par l'intermède de personnes habitués à être vu dans la norme et qui sont néanmoins dans une forme de marge. La retenue dont fait preuve cette lucarne sur la communauté cabossé par le désœuvrement, qui pas à pas réapprend à faire le dos rond, le tout dans une veine décalé et gauche me bouleverse, mais alors vraiment !
Signs, est sans nul doutes, l'un de ses meilleurs films ! L'un des plus beaux pour ceux qui ne font pas du terme une certitude, une vérité absolu, une démonstration de force de connaissances ou de biceps enseignés à coups de sabots. Voyez dans ce qui à de friable, l'étendu des portées, du champ des possibles, une humilité qui entrouvre un étroit passage pour d bons sentiments, sans qu'ils soient niais et tartinés de guimauves. Car oui, si ce film est si " beau " c'est qu'il n'est pas un éloge de pureté, de savoirs, de codes restreints, mais une simplicité qui reconnais qu'il y'a encore de quoi découvrir et que la route est encore longue ...
L'espoir l'emporte sur le pessimisme, sans nier le chantier !