Derniers Avis sur Shooting ou la mort tragique de Leland Drum

« The shooting » est un frôle de western « itinérant » où il ne se passe pas grand-chose, mais dont l’intérêt principal est d’essayer de comprendre pourquoi une jeune pimbêche, tête-à-claque et arrogante, a voulu embringuer un cow-boy et son associé dans une chasse à l’homme dans le désert. Trois protagonistes, le cow-boy (Warren Oates), la demoiselle (Millie Perkins) et un quasi hébété fasciné par la demoiselle sont rejoints par un tireur d’élite (Jack Nicholson). L’histoire tient sur un timbre-poste. L’ambiance « lourde » (désert, chaleur, violence psychologique voire physique) est bien rendue. Le film est oppressant. L’opposition entre Warren Oates et Millie Perkins (imprévisible et destructrice) crée en permanence une tension. Un film de vengeance sans explication franche sur le pourquoi des choses et un final assez surprenant. Plutôt original dans le genre western tendu et épuré.
Retrouvez mon amour du Far West dans le roman WHITE FINGERS : LA PISTE SYSKIYOU - Eds VERONE - TOME 1)

De cette épure de western, rongée comme carne au soleil, tout ce qui permet au film d’avancer est relégué aux collures, à coup d’ellipses assassines (au sens propre puisqu’elles tuent), qui rendent chaque séquence presque indépendante des autres. Hellman se fiche de la cause : seul l’effet compte. Rien ne doit faire sens ailleurs que dans l’achèvement, d’une vie, d’un plan, d’une figure. « The Shooting » enregistre tout ce qui se termine. A l’affirmation, le film préfère la négation, l’exclusion (de la cause, du personnage, du sens). L’incertitude y est principe. En ne suivant aucune piste, le film les rend toutes possibles pour le spectateur, créant ainsi l’espace d’une totale liberté au cœur d’un genre habitué à laisser l’immuable mécanique des codes faire le travail. On peut trouver cette liberté chèrement acquise : on bute parfois sur ces formes vides, incapable de les remplir. Problème que pose tout film cérébral qui se refuse à l’émotion vite gagnée. Monte Hellman fait résonner l’absurdité du monde, cette idiotie du réel, au creux du vide. The Shooting s’inscrit dans une modernité aussi farouche que butée. A chacun d’y trouver – ou pas- ses motifs esthétiques. Mais on ne pourra lui reprocher la rigueur altière de son geste.

Bon western à petit budget mais qui se démarque par cette atmosphère tendue entre les protagonistes et ce léger voile de mystère. L'importance du scénario, pouvant tenir sur un timbre poste, passe ici au second plan et c'est bien l'ambiance qui prime. Complètement atypique, ce western est une bonne alternative aux westerns de Leone et autres Ford.

Traiter ce western de prétentieux et inconsistant est facile en 2014 mais c’est aussi excessif que de l’avoir porté aux nues lors de sa sortie en 1966. Monte Hellman mérite un grand respect pour s’être aventuré dans un cinéma diffèrent certes, mais murement réfléchi et réalisé. Il y a dans ‘’The shooting’’ quelques séquences de toute beauté et surtout plus le film avance plus il est prenant, son ambiance exécrable basée sur l’incommunicabilité, la bêtise, la rancœur, le goût de la violence de chaque personnage finit par une sorte de fascination morbide. Son originalité n’a pas pris une ride, sa très belle photographie nous transporte loin de chez nous. Son scénario obscur s’éclaire petit à petit pour devenir compréhensible sur le visage du frère jumeau de Willet Gashade. La suite n’intéressant visiblement plus Monte Hellman, nous pouvons imaginer ce que nous souhaitons. Appréciant avant tout le cinéma classique, je ne goûte guère les libertés de mise en scène sauf utilisées brillamment et parcimonieusement ce qui est ici loin d’être le cas. Ce réalisateur a pourtant des adeptes qui pour être crédibles devraient s’en expliquer tout en s'extasiant.. Pour ma part, je trouve que Monte Hellman en fait trop sans que les actions ou les dialogues le justifient, ce cinéma-là me lasserait vite. Je suis, par contre, ravi d'avoir revu ce film et ne suis pas fâché qu’il se serve de mon genre préféré pour se distinguer des autres cinéastes.

Un western atypique et étrange avec un scénario très dépouillé et une ambiance quasi mystique .. bref un film à voir

1h17 écrasante dans l’atmosphère accablante du désert. Vengeance et tension sont démultipliées par les pièges du soleil, le manque d'eau, et le silence des personnages. Impitoyable.
Un film compact, à revoir pour saisir la subtilité du jeu des acteurs, et pour apprécier le climat de tension palpable que Monte Hellman construit en gardant secret les motivations et les identités des protagonistes.
Jack Nicholson prouve une fois de plus l'étendue de son talent, en incarnant à merveille un serpent de l'erg, froid et calculateur, aussi dépourvu de pitié ou de compassion que le désert.

Western hypnotique et véritable ode à la nature d'où les héros du film sont nés et sont irrémédiablement invités à y finir leurs jours. Malgré toute cette grandeur, on assiste à un huit clos tragique d'où seul Jack Nicholson émergera dans les décennies suivantes pour devenir le mythe que l'on connait.

Un polar singulier que ce The Shooting qui se démarque des autres productions américaines du genre (mais qui n'emprunte rien aux western spaghetti) ; quasiment toute l'action se déroule dans le désert et la trame du film est assez proche d'un thriller avec un style assez énigmatique. Ce western se laisse voir (on apprécie notamment la présence de Warren Oates dans un 1er rôle) mais la fin confuse et bâclée déçoit un tantinet.

En général lorsqu'un film assez particulier n'arrive pas à me capter dès le début, c'est pas bon signe, je fini par décrocher très vite. Et là je m'attendais à un western somme toute très classique, avec Jack Nicholson, ça pouvait être sympa. Sauf que là dès le début c'est très bizarre (et je n'aime pas dire ça d'un film, c'est un terme galvaudé), c'est poussiéreux, sale, il ne semble pas y avoir vraiment d'intrigue, et puis c'est très lent, je dois avouer m'être un peu fait chier au début. Et puis ça continue, une femme arrive, le film se lance, et les personnages aussi, mais vers quoi ? c'est très flou, j'avoue que je regardais ma montre, qu'est ce que c'est que ce film ? C'est juste du sable et du vent ? Une tension devrait naître ? Et puis subitement, chose qui n'arrive presque jamais d'habitude, j'ai été pris par le film, l'arrivée de Nicholson a été pour moi un déclic, son personnage charismatique au possible et tout aussi énigmatique que les autres dégage quelque chose, une froideur, une méchanceté, et là j'ai senti une sorte de tension naître, je ne savais plus quoi penser. Qu'est ce qui se passe ? ils vont où ? ils font quoi ? l'ambiance planante se fait de plus en plus sentir, ce désert commence à rendre fou. J'ai lu que certaines personnes y voyaient de la métaphysique, ce n'est peut-être pas mon cas, mais le film m'a réellement pris aux tripes dans sa seconde partie, tout est étrange, parfois même complètement absurde, je ne saurai dire si c'est une arnaque gigantesque ou un coup de génie, la fin est elle aussi énigmatique au possible, en même temps je n'aurai pas pu imaginer d'autre fin que celle là, c'est vraiment un film qui me travaille, je veux dire, j'ai envie de le revoir, et je ne revoie que très rarement un film, mais j'ai l'impression que j'ai laissé passé quelque chose, peut-être une clef qui me permettrait d'apprécier le film dans son intégralité. Je ne sais pas s'il y a quelque chose à comprendre, je ne sais pas comment décrire se sentiment, j'ai l'impression qu'en voyant ce film il s'est passé quelque chose, quelque chose de puissant, comme si j'avais goûté quelque chose qui s'était subitement envolé ensuite. En tous cas, c'est vrai qu'on se rapproche du western expérimental, et que ça vaut le détour, après on peut ne pas accrocher forcément, mais il y a une force dans ce film que je ne peux expliquer. Si durant la première moitié du film je ne comprenais pas le statu culte du film, la seconde m'a totalement convaincu. Du coup je suis partagé entre le début qui m'a fait chier (pour parler crument), et la seconde complètement fascinante.