Je suis généralement très encline à aimer le cinéma de David Cronenberg, mais "Faux-semblants" m'a laissée sur ma faim.
Le film est assez vieux, et le voir en 2022 n'est peut-être pas adapté au fait de pouvoir lui rendre l'hommage qu'il méritait à sa sortie (contrairement à "La mouche" qui reste selon moi son chef d'œuvre intemporel).
Je rédige donc cette critique durant une autre époque, où l'on est peut-être moins facilement touchés par des sujets et des images qui nous sont aujourd'hui plus familières.
"Dead Riser" ou, "Faux-semblants" en français -et je ne sais pas quel titre est le plus adéquat- parle de la gémellité. Et probablement qu'il en parle de façon bien moins littérale qu'elle n'apparaît dans le film. Je n'ai lu aucune autre critique, et risque donc de répéter ce qui a pu être déjà écrit, mais selon moi David Cronenberg parle de la personne multiple que l'on peut être seul dans son corps, de l'esprit parfois antagoniste que l'on peut héberger au sein d'un même cerveau, d'un corps unique. Des deux parties de soi qui s'affrontent, s'influencent, se déçoivent, et pourtant se soutiennent toujours. Et du fait que l'une a forcément besoin de l'autre pour exister, ne serait-ce qu'en tant que référence.
Que se passe-t-il lorsqu'on tombe amoureux pour la première fois ?
Doit-on ranger une partie de soi pour être aimé ou bien doit-on rejeter l'amour pour rester ce que l'on est entièrement ?
La relation à l'autre (amoureuse ou non, d'ailleurs) n'est-il pas forcément synonyme d'amputation d'un bout de soi ?
C'est, il me semble, à ces questions que "Dead Riser" s'intéresse.
Cependant, d'autres sujets chers à D. Cronenberg, viennent perturber cette question de l'étendue de soi, pourtant fort fertile, et se greffent au film sans qu'ils ne semblent tout à faits pertinents ni ajouter de quelconques éléments de réflexion, et ils apparaissent au détriment de l'intrigue principale et nuisent donc, selon moi, à la qualité du film.
Ceci dit, c'est un bon film, et peut-être même que si ce n'était pas signé de ce réalisateur, ma note aurait-elle été supérieure.
En tout cas pour ceux qui jugent le film "gore" je ne comprends pas. C'est bienv moins dérangeant que la plupart des Cronenberg, ou que les films populaires de guerre qui sortent régulièrement au cinéma de nos jours. Pour moi le -12 ans est tout à fait adapté.
À voir pour un cinéphile ou un amateur de Cronenberg.