Jean Yanne en tant qu'acteur, j'adore. Et j'espère sincèrement qu'un jour son talent sera reconnu à sa juste valeur et qu'on lui accordera la place qu'il mérite. En revanche, en tant que cinéaste, j'ai plus de mal. Les propos sont justes, mais on échappe que rarement à la lourdeur. "Chobizenesse", c'est le film où Yanne se lâche le plus. Tout le monde en prend pour son grade. Les marchands d'armes, les tocards qui se prennent pour des cracks et qui font des manières et plus encore. Mais, la principale victime est bien entendu le show-business. Les spectacles sont financés par des personnes aux activités douteuses et pour que le succès soit au rendez-vous, il faut du sexe, du sexe, encore du sexe. On se contente de la facilité. On fait ce qui rapporte. La créativité, l'art en lui-même sont supplantés par le pognon. La toute dernière scène (bien qu'assez risible dans la façon dont elle emmenée) illustre parfaitement ça. Pour moi, ce film là, est une déception, vraiment. Je ne m'attendais pas à un pur chef d'oeuvre. Yanne n'a d'ailleurs jamais prétendu faire des pièces maîtresses. Mais ça partait vraiment bien. Le ton était donné dès le générique avec une chanson bien fendarde et qui vous reste dans la caboche longtemps après. Ensuite, ça flinguait à tout va avec un ton délicieusement misanthrope. Sans oublier des dialogues géniaux, dans lesquels la grossièreté est utilisée à bon escient. Et le rythme était franchement bon. Hélas, la 25 dernières minutes (ce qui correspond avec le début des répétitions du spectacle porno) sont franchement poussives. On a plus grand chose à se carrer sous la dent. Et on aboutit à ce final au propos fort, certes, mais amené maladroitement. Sans pour autant grimper aux rideaux, j'ai préféré "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" et "Moi y en a vouloir des sous" qui, s'ils avaient aussi leur faiblesses, ne s'éparpillaient pas en cours de route.