Shattered glass est une immense et belle surprise. Un film étonnant. Le sujet est tout simplement excellent. Stephen Glass, jeune homme de 25 ans, devient l'une des plumes les plus en vogue de 1995 à 1998, contribuant au grand succès des magazines Rolling stone et The new republic. Seulement, 27 articles sur les 41 qu'il a rédigés, présentaient d'innombrables inventions. Il inventait ses sources, rédigeait de fausses notes minutieuses, imaginait des lieux factices, créait de fausses boites vocales, donnait de fausses adresses email, allant jusqu'à confectionner un faux site web, tous ces tissus de mensonges engendrés afin de prouver la véracité de ses écrits. Il est parvenu à berner le monde du journalisme car il savait comment passer au travers du système, ayant occupé le poste de vérification des articles pour les approuver et les publier. Tout ce qui se déroule dans le film est véridique, hyper documenté, et nous apprend énormément. Nombre de détracteurs mettent en exergue le fait que la psychologie du personnage n'est pas assez fouillée. Au contraire, ses motivations sont parfaitement mises en lumière. Stephen Glass était un menteur pathologique, extrêmement ambitieux, qui avait l'obsession de plaire au public et d'être lu par les fines populations gouvernant le pays, notamment les politiciens. Pour livrer cette ambiguë composition, Hayden Christensen est prodigieux. Aisément, il parvient à retranscrire cette personnalité complexe et atypique, cette mythomanie maladive, et le caractère visiblement perturbé du journaliste. Les seconds rôles, notamment Peter Sarsgaard, sont également admirables. Ironie de la chose, S. Glass a été par la suite diplômé en droit et a publié une fiction traitant d'un reporter inventant ses articles. Un petit film très intelligent, extrêmement intéressant, porté par l'interprétation exceptionnelle d'H. Christensen (sa composition la plus complexe et la plus talentueuse avec celle percutante qu'il tisse dans Life as a house).