Réalisateur pour le moins prolifique, Raoul Walsh a multiplié les grands films et, forcément, les films bâclés (difficile de réussir les quatre ou cinq œuvres en piste chaque année !). Amateur de fiction, de films au rythme trépidant, il a toujours sacrifié ses intrigues au profit de scènes d’action bien menées. Un an après « Capitaine sans peur », mais quatre films après celui-ci, il retrouvait Gregory Peck pour ce film d’aventures moins connu et pourtant habilement conduit.
Avec son souci du cadrage, ses personnages particulièrement bien croqués, de l’action (en mer, en bord de mer, à San Francisco, dans une taverne, dans un hôtel, en Alaska, etc.), de l’humour (même s’il est loin d’être raffiné), tout est ici prétexte à une aventure pleine de panache. Entre les bagarres homériques et loufoques, la poursuite en mer, l’histoire d’amour improbable et son bal, l’amitié vache entre Gregory Peck et Anthony Quinn, tout est prétexte à enchaîner les péripéties dans un superbe Technicolor qui met en lumière les superbes costumes des uns et des autres.
Peu importe ici la vraisemblance, tout est sacrifié aux péripéties pour faire de ce film de pur divertissement un concentré d’aventure totalement désuet mais parfaitement emballant. Si la scène de la chasse aux phoques et de la course en bateau souffre de ses superpositions, tout le reste fonctionne et assure un spectacle de première qualité, plein d’humanité comme toujours chez Walsh, même si les sentiments sont parfois schématiques, sans oublier un petit refrain sur l’écologie, refrain peu courant pour l’époque. Un film comme on n’en fait plus et, s’il n’a pas l’ambition d’autres œuvres du cinéaste, qui remplit avec brio son cahier des charges.