Avis sur Le Mors aux dents

Réalisé comme un polar, Le mors aux dents, se laisse facilement regarder, principalement grâce à de très bons comédiens. Dommage que par moments le scénario soit inutilement compliqué.

Dommage tout de même qu'un tel film qui part avec un si bon scénario (histoire de magouilles ou tout le monde semble malhonnête voire pourri) et un casting de choix soit complétement gâché par une réalisation passepartout de Heynemann qui ne parvient jamais à rehausser l'ensemble ; il est plus proche d'un téléfilm que du cinéma.

Ayant débuté comme assistant réalisateur auprès de Bertrand Tavernier et d'Yves Boisset , Laurent Heynemann passe rapidement à la réalisation et s'inspire de la veine politique de ses deux maitres en l'immergeant dès qu'il le peut dans le bain du polar et du suspense. Sa courte filmographie (9 longs métrages) s'étalant sur une petite quinzaine d'années qui encadre la décennie 80 ne comporte quasiment aucune fausse note et quelques belles réussites comme "Le mors aux dents", "Il faut tuer Birgitt Haas", "La vieille qui marchait dans la mer" ou encore le très sombre "Les mois d'avril sont meurtriers" inspiré d'un roman de Robin Cook où l'on découvre un Jean-Pierre Marielle à contre-emploi saisissant. "Le mors aux dents" qu'il coécrit avec Claude Vieillot et Pierre Fabre est la transposition romancée de la biographie tragiquement interrompue quatre ans plus tôt de Patrice des Mourtis dit "Monsieur X". Personnage sulfureux, diplômé des Mines qui de 1958 à 1961 avait contraint le PMU à modifier ses règles d'attribution des gains après qu'il eût gagné 500 fois le tiercé dans l'ordre et 2500 fois dans le désordre. Devenu conseiller de journaux turfistes, il est impliqué dans plusieurs affaires de paris truqués avant d'être retrouvé mort le 17 octobre 1975 à son domicile de Saint-Cloud quelques jours après sa sortie de prison. Les raisons de son décès ne seront jamais éclaircies. La truculence de Michel Piccoli à son sommet donne vie à Pierre Chazerand, personnage haut en couleur qui la morgue aux lèvres défie le patron de la société des courses GFI (Jacques Sereys) et regarde avec un dédain à peine voilé ceux dont il fait la fortune en leur prodiguant contre pourcentage ses précieux conseils. Le scénario très habilement construit spoiler: mêle la politique au récit à travers le personnage de Charles Dréant dont le carnet secret lui permet de tenir à sa botte tout le microcosme parisien
. C'est Michel Galabru grandiose, tout à la fois patelin, retors et menaçant qui incarne le politique en bout de course, démontrant que sa performance hallucinante dans "Le juge et l'assassin" (Bertrand Tavernier en 1975) récompensée d'un César n'était pas le fruit du hasard. L'ensemble de l'opération est chapeauté par un Jacques Dutronc filandreux à souhait, rappelant une fois encore que pousser la chansonnette sur les textes "parigots" de Jacques Lanzmann n'est pas la seule corde à son arc. Le reste du casting comme c'était souvent de rigueur à l'époque donne du relief à la peinture que dresse Laurent Heynemann du Paris affairiste et politique des années 1970. On peut donc s'étonner après la vision de ce film rondement mené que Laurent Heynemann n'ait pas pu mener plus avant sa carrière sur grand écran, devant se rabattre sur la réalisation de téléfilms.

Le tiercè est un jeu de hasard! Pas pour tout le monde, cependant! Certains savent : les jockeys payès pour retenir les chevaux et ceux qui les payent ou les menacent! Les autres, tous les autres, jouent sans savoir! Bref, pour risquer une affaire sur la pelouse, il faut vraiment beaucoup d'argent au dèpart et quand on dit beaucoup, c'est environ 30 à 40 briques pour arroser tout le monde! Après s'être imposè avec un premier long-mètrage souvent dur mais indispensable ("La question"), Laurent Heynemann change de sujet pour sa seconde mise en scène où il est question de bourrins, de magouilleurs et de combines! En effet, un personnage influent tente dans le film de truquer une course mais un jeune homme ambitieux, incarnè par le mèthodique et efficace Jacques Dutronc, va contrecarrer ses plans! En exergue de ce film passionnant à suivre malgrè une image de piètre qualitè, une belle citation de Hans Christian Andersen! Non seulement la distribution est prestigieuse (Michel Piccoli en tête) mais en plus tout le monde assure son personnage...

Il avait bien des atouts pour séduire ce film. D'abord, une histoire attirante, reposant sur une magouille montée par un industriel pourri et en perte de vitesse, avec en toile de fond, les courses hippiques. Et ensuite, un casting prestigieux. C'est avec une amertume non dissimulée qu'on ressort déçu de ce film. En effet, l'intrigue est parfois un peu confuse à cause d'une petite profusion de personnages ainsi que quelques raccourcis mal négociés et quelques temps morts. On déplorera aussi une réalisation limite niveau téléfilm n'étant jamais en mesure de donner du rythme à tout ça. C'est vraiment dommage. Car en plus, le casting est vraiment à la hauteur.

Film dénonçant certaines dérives des paris hippiques en nous plongeant dans un système de paris truqués parfaitement huilé avec chantage politique en prime. De grands noms dans ce film peu connu avec des personnages intéressants (Piccoli en homme fougueux est excellent) mais un scénario sans surprise et assez plat peu aidé d'une réalisation sans fioriture.

"Le mors aux dents", c'est l'autopsie d'une course hippique truquée dont les répercussions entrainent les protagonistes, selon la théorie des dominos, dans une cuisante désillusion.
Le film de Laurent Heynemann fait partie de ces films qui prétendent dénoncer les magouilles et les collusions politiques. Ingénieuse sans être véritablement surprenante, l'action rejoint, à cet égard, un propos parfois maladroit parce qu'éculé et, ici en tout cas, trop explicite. La mise en scène manque sans doute de rigueur et d'envergure dramatique; elle ne permet pas à l'intrigue de dépasser le cadre de l'anecdote, comme savent le faire généralement les cinéastes engagés italiens. D'autant que la définition des personnages reste sommaire, sinon caricaturale.
Pour autant, Heynemann démontre avec vigueur, à travers une nébuleuse de corrupteurs et de corrompus, le pouvoir illégitime que détiennent notamment les partis politiques et les renseignements généraux. Ce en quoi le film demeure un divertissement certes limité mais honorable.