Avis : Arabesque - Page 2

Une comédie d'espionnage ce film, réalisée par une mise en scène d'esthète anglais, c'est simple comme scénario d'action, ça part dans toutes les directions. Cela parle du judiciaire judicieusement et il y a beaucoup de péripéties palpitantes pour ce professeur spécialisé en hiéroglyphes égyptiens antiques, pas arabes puisse être moderne. C'est une écriture complexe, cousins des idéogrammes plus sophistiqués, leurs ancêtres sont les pictogrammes, personne ne sait lire mieux que cet érudit américain qui se lance dans l'agence secrète espionne. Une vraie chasse au trésor cet exotisme oriental à déchiffrer, avec une ravissante actrice méditerranéenne qui joue l'espionne espiègle à la fois double et triple jeu Moyen-Oriental. Une romance qui s'enchaîne pour découvrir ce plaisir cinématographique psychédélique, sous l'effet de narcotique contre son gré sur l'autoroute, l'autre style Hitchcockien.

Film d'espionnage tendance comique, Arabesque doit beaucoup à la classe de Gregory Peck et au charme de Sophia Loren pour susciter l'intérêt autour d'une histoire des plus classiques (à tel point qu'on se demande par moments s'ils n’ont pas songé verser dans la parodie). Il y a du rythme, de jolies séquences, bien sûr l'ensemble souffre d'un petit coup de vieux et les acteurs surmaquillés pour faire oriental prêtent désormais à sourire, mais ça reste un divertissement agréable, sans prise de tête.

Comédie d'espionnage qui privilégie la farce sur le sérieux, les prises de vues dans les reflets des glaces, les bons mots sur l'action et qui est donc horriblement datée et ne vaut que par la beauté renversante de Sophia Loren.

De beaux et bons acteurs pour un film distrayant.

Dans le sillage de « Charade », Stanley Donen s’amuse à parodier gentiment Alfred Hitchcock, dans cette comédie d’espionnage. Sauf que, ce qui fonctionnait parfaitement dans « Charade », c’est que le film s’apparentait à une variation autour du cinéma d’Hitchcock. Le maître du suspense avait en effet dans sa manche cette habituelle mise à distance qui permettait déjà de montrer des personnages dépassés par les événements qu’ils vivaient. En rajouter davantage conduirait inévitablement au pastiche pur et simple ou au détournement, et Stanley Donen n’a jamais eu l’ambition d’être un Mel Brooks avant l’heure.
Marchant donc, comme avec « Charade », sur les plates-bandes d’Hitchcock, Stanley Donen est ici pris à son propre piège. Le piège, évidemment, est de se retrouver à raconter avec humour, décontraction et distanciation une histoire qui n’a rien de passionnant. Car tout l’art d’Hitchcock reposait sur sa capacité à donner un ton unique à une histoire réellement intrigante. Or, ici, l’histoire n’a, au final, et on le comprend très vite, que très peu d’intérêt, et les rebondissements se contentent de montrer des personnages qui ne sont pas tout à fait ce qu’on croyait qu’ils étaient, la palme revenant à Sophia Loren.
Si la crédibilité de son personnage n’est, a priori dans une parodie de ce genre, pas un souci, cela en devient un pour maintenir l’intérêt de l’intrigue. Léger, parfois distrayant, parfois faussement intriguant, le film se laisse voir, notamment pour Gregory Peck, même s’il est moins à l’aise dans un rôle de « pigeon » qu’un Cary Grant par exemple.
En revanche, on se lassera très vite du maniérisme de Stanley Donen qui multiplie à outrance les jeux de transparences et de reflets. Ce qui, par petites touches, aurait pu apporter une originalité à la mise en scène, s’apparente rapidement à un fatigant exercice de style. Une faute de goût que n’aurait pas commise, même pour le clin d’œil, un Alfred Hitchcock par exemple.

C'est vrai, comme le relèvent pas mal de critiques, que "Arabesque" fait penser à "Charade" mais pas à l'excès, je trouve. Pour rester dans cette comparaison, je dirai que je préfère l'Audrey de Charade à la Sophia de "Arabesque mais celle-ci n'est vraiment pas mal pour autant. Pour le reste, Gregory Peck n'est pas en reste par rapport à Cary Grant: chacun excellant dans son style propre. C'est surtout pour sa galerie de personnages secondaires que l'avantage va clairement à "Charade" selon moi. Bravo quand même à d'Alan Badel/Nejim Beshraavi pour son personnage cynique et froidement inquiétant. Le scenario n'est pas trop compliqué mais fait quand même place à quelques surprises pour animer un peu l'action. J'ai déploré quelques longueurs spoiler: (au cours de la même nuit, la poursuite au zoo et Gregory Peck drogué errant dans les rues)
et, même si on se trouve dans une comédie d'espionnage, j'ai trouvé que la mise en scène manquait de finesse. Les dialogues égaient pas mal de scènes au fond dramatique, ce qui n'est pas mal. Stanley Doonen, l'action se déroulant à Londres, a sans doute voulu donner un style un peu british à la photographie de son film et, ma foi, il y réussit très bien.