Un Jean Boyer typique, c’est-à-dire moyen, mais à l’intérêt rehaussé par le côté gentiment coquin du propos.
Le Rosier de madame Husson est une comédie populaire et rurale comme Bourvil en a tourné pas mal, et le résultat est sympathique. L’acteur est dans son élément avec son rôle de gentil benêt qui, comme souvent, n’est pas si benêt que cela. Le rôle est éprouvé et l’acteur est bien dedans, bref rien à redire là-dessus, les amateurs de Bourvil seront aux anges, les autres seront peut-être un peu agacé. Autour de Bourvil de jolies seconds rôles, spécialement une belle galerie de femmes, jeunes et moins jeunes, avec quelques noms connus, comme Pauline Carton, Jacqueline Pagnol et, dans le rôle-titre, Germaine Dermoz, finalement pas la plus renommé du lot. Les prestations sont convaincantes, les personnages rapidement typés mais bien posés, bref, le casting est plaisant.
L’histoire, comme je l’ai dit, bénéficie surtout de la tonalité gentiment coquine du propos. Bien sûr vous ne verrez rien et les dialogues sont implicites, mais cela amène justement une certaine finesse à ce film de Boyer, et les dialogues sont plus savoureux que dans la plupart des films du réalisateur. Court, allant à l’essentiel, Le Rosier de madame Husson est un film qui n’ennuie pas, et qui s’avère même bien distrayant parfois. Sans faire éclater de rire, il faut avouer que certaines séquences sont bien trouvées, comme les discussions entre les « dames de vertus », ou le final, d’un piquant bienvenu. Bref, rien de très ambitieux ici, mais un résultat plus concluant que je ne supposais au départ.
Sur la forme c’est sûr qu’encore une fois Boyer ne brille pas par son inventivité et sa recherche. Si sa comédie respire davantage que ce qu’il peut faire d’habitude, avec beaucoup d’extérieurs, il n’en reste pas moins qu’il y a assez peu de recherche dans la mise en scène, laquelle n’est pas très vive, et se contente souvent d’être purement technique. C’est une réalisation basique, pas mauvaise, mais qui n’a sans doute pas la vigueur qu’on pouvait espérer d’une comédie par ailleurs allègre sur le fond. La bande son est plaisante, mais sans relief particulier.
En clair, voilà une seconde adaptation de cette histoire, qui a le mérite de passer avec une bonhomie certaine, et donc de se laisser voir jusqu’au bout sans déplaisir. Rien de grandiose, mais un Boyer correct. 3