Avis sur Voyage a Cythere

Avec ses références politiques qui croisent des références mythologiques, si quelqu'un a tout compris dans ce film, chapeau ! Cela étant, quand bien même on ne comprend pas tout, "Voyage à Cythère" se voit avec plaisir. Sinon, comme d'habitude chez Angelopoulos, la Grèce est noyée sous la pluie ou cachée dans le brouillard.

Ce film était un peu le test pour ma part sur Angelopoulos. J'ai adoré Paysage dans le brouillard et j'ai été très déçu par l'Eternité est un jour. Ce troisième film était donc un test pour voir de quel côté la balance allait penser... Malheureusement elle ne penche pas du côté escompté. Théo Angelopoulos propose un récit absolument égoïste où il oublie son spectateur. A force de non dit, de misérabilisme trop appuyé il empêche toute émotion de passer. Et certes, il y a des idées de mise en scène, mais ça ne suffit pas à sauver l’œuvre. Quelle déception.

Qu'est qu'on dit à sa femme après trente ans d'exil ? Que peut-on dire après une telle absence ? Après son èpique et majestueux "Alexandre le Grand", Theo Angelopoulos nous revient en 1984 avec ce beau "Voyage a Cythere", premier film dans lequel le cinèaste parle cette fois de gens qui ont subi l'Histoire sans pouvoir la changer! Le personnage central est un vieil homme qui revient chez lui après trente ans d'exil en U.R.S.S! Une sorte de rèvolutionnaire qui est parti en Russie après la chute de l'armèe rèvolutionnaire en Grèce! Tout à changè pour le personnage de Manos Katrakis qui fait ici une prestation èmouvante ou le cinèaste grec aborde un virage plus intime dans sa filmographie! Quelques longueurs au milieu du rècit n'entrave en rien le film dans des images de pluie, de brume, d'une luciditè aussi belle que douloureuse, à mi-chemin entre le rèel et l'imaginaire. "Voyage a Cythere" est avant tout un film dans le film parce que le fils est un metteur en scène qui raconte l'histoire de son père et de sa famille...

Pour qui connaît Theo Angelopoulos, pas de souci : sa personnalité est là, et bien là. Mais pour une fois, derrière cette exaspération qu'il éveille chez n'importe quel spectateur un peu soucieux qu'on ne se moque pas de lui, se cache un talent rare : sans être soporifique car il hypnotise à la place, le réalisateur parvient à placer un peu d'action sans qu'on s'en rende compte. Pour comprendre que le film a une destination et qu'il s'y dirige dessus, il ne suffit pas d'une interminable scène : il faut faire l'expérience de plusieurs interminables scènes alignées bout à bout avec la minutie coutumière d'Angelopoulos. Et alors seulement le fil de l'intrigue se révèle, et l'intérêt de l'histoire avec. Mais il ne faut pas avoir sommeil !

Le thème est le retour d'un vieil homme, ancien résistant politique, dans son pays natal, la Grèce, qu'il semble ne plus reconnaître, après 32 ans d'absence...
Angelopoulos nous présente ici une oeuvre austère, dure, désespérée, dans une toujours belle réalisation, avec des lenteurs, des contemplations, et beaucoup de non-dits (ce qui n'arrange pas une certaine compréhension). Peu de dialogue, une caméra lente, souvent panoramique, une très belle musique, une théâtralisation un peu forcée, peut rendre ce film rébarbatif à certain. Film noir, très désespéré, à la fin surtout.
Néanmoins la qualité esthétique et poétique du film est toujours présente.

Que connais-je de la Grèce? Peu de choses en vérité... Je ne connaissais pas Angelopoulos (honte à moi) et je peux dire que je viens de découvrir un grand cinéaste. L'Histoire avec un grand H est bien présente dans ce film, mais implicitement, on apprend à travers l'histoire d'un homme qui rentre chez lui (mais l'est-ce toujours?) après 30 ans d'exil en URSS. Je ne peux pas en dire plus tant tout me semble en deçà de la beauté du film. La photographie est magnifique. Comme je le disais plus haut, c'est une Grèce que l'on n'a pas l'habitude de voir, loin des cartes postales et nettement plus intéressante. Le plan final est sublime. Je ne peux que conseiller de le voir. Je crois même que c'est que je vais faire une seconde fois. Mon premier Angelopoulos, oui, mais certainement pas le dernier!

Un chef d’œuvre : "C'est moi"... The rest is silence...