Avis sur Révolte à Dublin

« The Plough and the Stars », la charrue et les étoiles en français, figurent sur la bannière de l’insurrection de pâques 2016 à Dublin, menée par la Irish Citizen Army (ICA) dont la majorité des membres rejoindra l’IRA en 1919. Il est évident qu’un tel projet passionnait John Ford qui assumait pleinement ses origines irlandaises. Sauf que le résultat est mitigé car la RKO fit tourner des scènes privilégiant la dramatique romantique à l’action politique, qui n'existe que très peu dans la pièce de Sean O'Casey dont le film se veut une adaptation. Ford quitta le plateau et son assistant réalisa la fin et ces scènes que le cinéaste refusa de filmer, déclarant que plus jamais il ne travaillerait pour la RKO (ce qui fut le cas, il les utilisera uniquement pour distribuer les films d’Argosy Pictures, société de production qu'il avait créée). Un film des plus inégal où Preston Foster semble perdu par moments et Barbara Stanwyck égarée dans un numéro lacrymal outrancier et contre productif. Restent les scènes de bar où de bataille des rues, où le talent du réalisateur s’exprime brillamment. Mais le résultat global est inférieur à la moyenne.

Même si John Ford n’a pas eut les mains libres, même si la RKO lui posé des problèmes ce film porte sa marque. Son esprit, sa façon de ressentir et d’exprimer la guerre civile s’y trouve ainsi que que sa vision de l’amour conjugal. ‘’Révolte à Dublin ‘’est un film inégal, assez banal dans sa première partie il prend de la force ensuite et devient superbe à partir de la prise de la poste centrale de Dublin par les membres de l’armée révolutionnaire irlandaise. 1916 est l’année de départ de la dernière série des combats irlandais/anglais, cette révolte de Pâques est chère au coeur de Ford et nul mieux que lui n’a aussi bien rendu hommage à James Connolly dont il montre l’exécution alors qu’il est blessé. Barbara Stanwyck n’a pas du tout son jeu habituel qui ici est fortement encadré par le réalisateur ce qui lui donne une force émotionnelle remarquable. Inversement, Ford laisse la bride sur le cou à Barry Fitzgerald dont le rôle comique apporte un peu d’air à ces événements tragiques.

Adaptation d’une pièce de John O’Casey, l’un de trois grands dramaturges irlandais (avec Behan et Synge, dont on sent les influences) auquel Ford est particulièrement attaché puisqu’il consacrera un de ses derniers films (Young Cassidy) à l’exposé de sa vie. Ici, nous voyons les quelques jours de cette révolte sanglante de 1916 qui constitue les prémisses de l’indépendance irlandaise sept ans plus tard. Hélas, le rendu est souvent maladroit, il manque le souffle que l’on trouve dans la pièce d’O’Casey et le film est bien trop court pour restituer la grandeur de cette épopée… Un film sur l’Irlande de la part d’un Irlandais, courageux et valeureux, mais globalement raté… On est loin de la réussite du Mouchard qu’Hollywood poursuivait. Il reste un film tout de même intéressant par l’exposé de personnages pittoresques et de cette grande page de l’histoire de l’Irlande.

Film de John Ford loin d'être passionnant et pourtant le sujet était très bon, une insurrection pour l'indépendance irlandaise. Quelques moments sont pas mal grâce à la gouaille de certains personnages. Les scènes de combats plutôt réussies.

Une demi-réussite dans la carrière de John Ford, "Révolte à Dublin" est un film mineur du fait que, contre la volonté du cinéaste d'ailleurs, les rôles principaux sont tenus par Preston Foster et Barbara Stanwyck qui ne correspondent pas du tout à l'idée que l'on se fait d' irlandais. Malgré tout leurs efforts, ils n'arrivent pas à convaincre et leurs scènes s'avèrent de loin les plus inintéressantes du film. Mais heureusement qu'il y a les seconds rôles et en particulier le toujours-excellent Barry Fitzgerald. C'est dans les scènes comiques avec cet acteur que l'on retrouve cette touche fordienne inimitable qui font qu'elles sont très plaisantes à regarder. C'est sans conteste ses moments ainsi que des scènes de sièges très réussies qui poussent à l'indulgence envers ce film en définitive loin d'être mauvais.

Adaptation de la pièce de Sean O'Casey, cette évocation des "Pâques sanglantes" irlandaises de 1916 est un Ford mineur comparé au chef d'oeuvre Le mouchard, bien plus riche et complexe.. Le sujet se concentre sur la femme d'un des principaux combattants pour l'indépendance (Barbara Stanwyck) davantage que sur la lutte elle-même. Avec sa durée de 1h10, le film est frustrant, tant les situations auraient pu être développées pour aboutir à une véritable fresque. Ford va à l'essentiel et se permet même quelques incursions sur le mode comique avec un poivrot sympathique (comme toujours chez le cinéaste). Sa mise en scène joue avec dextérité des ombres du noir et blanc pour créer un climat parfois proche de l'expressionnisme allemand. Un petit Ford ? Soit, mais un film passionnant malgré tout.