Mouais, c'est quand même assez faible… "Baboussia" est un film à connotation clairement politique et sociale, indiscutablement (et légitimement) mû par l’indignation et le sentiment de révolte de sa réalisatrice face à ce qu’on pourrait voir comme l’abandon des vielles générations russes, qui se sont pourtant beaucoup sacrifié pour améliorer le sort de leur descendance. Bobrova dénonce une forme d’irrespect de la part des "nouveaux russes", génération totalement acquise au capitalisme, qui refuse de laisser une place à leur passé dans la société qu’ils mettent en place, laissant ainsi sur le carreau une horde de déclassés, anonymes étrangers sur leur propre sol. En fond rode le conflit tchéchène, traité sous l’angle de la dénonciation et alimentant de nombreux parallèles avec le drame familial qui se joue. Lidiya Bobrova a des choses à dire, à plein d’idées à faire passer, mais n’a malheureusement pas beaucoup d’idées de cinéma. La mise en scène de son film est d’une fadeur ennuyeuse, incapable d’atteindre à la moindre impression poétique. C’est ici un raté, et non pas un choix cinématographique, tant certaines idées et sensations (la première séquence de souvenir, la notion de dépossession de ses racines, de nostalgie, ou encore l’ultime plan, très naïf) ne peuvent passer que grâce à la poésie, sous peine de devenir tristement insipides. Et c’est le cas: les tentatives de la cinéaste restent toutes infructueuses, et le film sombre dans un naturalisme inconsistant, agrémenté qui plus est d'un folklorisme de bas étage. Impossible alors de ressentir l’attendrissement recherché pour les personnages, qui deviennent lointains et inintéressants, malgré leurs petites trognes emmitouflées dans des foulards et leur regard de chien battu... Le film ne tient plus alors que par son scénario, seul capable de maintenir le spectateur en état d'éveil. "Baboussia" est bien davantage une petite fiction télé, gentiment chaleureuse, qu’un film de cinéma.