Kitano se place ici dans la lignée de Tarantino et de ses deux Kill Bill : rendre hommage aux films de sabre asiatiques, tout en les modernisant. Le cinéaste joue avec les codes sans jamais oublier ce qui semble être son credo : filmer avant tout ce qui lui plait, sans se soucier des possibles conventions. Les séquences sont variées, pas toujours justifiées mais qu'importe, puisqu'on prend son pied? Ce décalage et ce ludisme constant me font vraiment plaisir. On ne sait jamais à quoi s'attendre, et on passe par une multitude d'univers : rire, émotion, action, poésie, danse, .. Kitano semble filmer ce qu'il veut, et tant mieux!
Le film semble jouer sur l'idée du faux :
faux aveugle, fausse gheisha, ...
. Une volonté de tromper le spectateur, et peut être aussi d'assumer ses artifices, sa fictionnalité, bref, son statut d'oeuvre de cinéma. Un cinéma ludique, libre, et esthétique. Le travail sur l'image est omniprésent, et au service du film : des yeux peints pour faire rire, du sang irréel pour éviter le voyeurisme, une scène de combat sous la pluie pour en jeter plein la vue, certes (sous l'influence assumée de Kurosawa et de ses sept samourais), mais aussi pour amener la tension : la pluie est le point faible du zatoichi, changeant ses perceptions.
On pourra dire que certains personnages ou intrigues disparaissent, qu'il manque un équilibre, mais ce n'est pas grave pour moi. Kitano est un baroque, et ce qui ressort de ce Zatoichi est avant tout sa fièvre créatrice, à l'image de ces claquettes suivant une scène très dramatique : aussi fantastique qu'imprévisible.