"3H10 pour Yuma", sur le papier, est l'un des sujets les plus interessants traités au sein des oeuvres de western. Le film ne s'éssouffle jamais, propose une lecture subtile, intelligente et sincére des différentes relations qui unissent, bien malgré eux, divers personnages. James Mangold s'assure donc de transporter le spectateur dans une atmosphère éléctrisante, où la tension se noue continuellement avec la curiosité. Digne des plus grands westerns jamais réalisés, ce remake est un passionnant portrait. Constamment interrogé, le spectateur est, à l'image de ses protagonistes, incapable de prendre parti. Il n'y a pas de bons et de mauvais, mais des hommes. Des hommes qui se battent pour leur cause morale respective, trouvant en chaque être qui les entourent une source d'inspiration qui pourrait remettre de l'ordre dans leur psychologie. Le scénario est d'une efficacité redoutable, où chaque dialogue fusionne avec chaque plan, n'oubliant jamais aucune interaction entre la nature, l'époque, et en mettant en avant des civilités que l'on aurait pu croire bannies compte tenu du contexte. Brutal, dramatique, mais extremement bien maitrisé, ce périple jusqu'à Yuma est une pépite.Russell Crowe et Christian Bale se donnent la réplique, en se jaugeant tour à tour, sans discerner vraiment les attentions de chacun. A la fois glaciale et touchante, leurs bavardages autour des feux crépitants sont impressionnants de justesse. Sans en faire des tonnes, le cinéaste apporte une honnêteté infatigable à son oeuvre, si bien que l'on est emballé du début à la fin qui, pour le coup, est d'une beauté indescriptible où tout le film se résume. La musique de Marco Beltrami est sublime, émouvante et dynamique, le montage associé parfait, les décors grandioses. Un chef d'oeuvre.