Munich est loin d'être le plus connus des films de Spielberg, et ça se comprend. Ce réalisateur est un des plus apprécié du public, c'est l'adoration de ce dernier qui l'a popularisé au début des années 80 lorsqu'il sortit les Dents de la Mer, et c'est son assiduité qui a permis au nabab d'être à l'origine du concept de blockbuster estival. Munich fait partie de ces films intéressant mais pas vraiment mémorables en tant que formidable expérience cinématographique. C'est pourtant une de ses œuvres qui a reçu le plus de nominations : 5 au total, et pas des moindres. Cependant il serait hâtif de le ranger dans le panier des produits purement académique, conçus en tant que machine à récolter des récompenses, généralement impersonnel et trop calibrés sur certains modes spécifiques pour enchanter. On sent sa volonté de retranscrire le roman de Jonas, Vengeance, en dirigeant un casting intelligent quoique convenu. En effet les protagonistes sont nombreux et chaque visage se pare d'une aura propre, le plus souvent grâce à l'interprétation très propre des comédiens (Mathieu Kassovitz, Hans Zischer et Geoffrey Rush en particuliers) voire vigoureuse et puissante (Daniel Craig qui brille davantage dans ce second rôle que dans des grosses productions tel Millenium de David Fincher). Reste le cas d'Eric Bana, qui se donne à fond mais n'arrive pas à susciter la moindre étincelle, parvenant à peine à briser l'enveloppe de fadeur qu'il crée lui même. Or dans ce genre de thriller politique la force émotionnelle du héros est ultra déterminante, c'est ce qui fait la réussite correcte d'Argo ou l'envie déplaisante de vouloir que le film touche rapidement à sa fin pour Zéro Dark Thirty. L'écriture du personnage est soigné, ce qui lui permet de s'affranchir du style « âme torturée au regard vide » sans la moindre épaisseur qu'on nous ressert souvent et sans passion, car Avner réfléchit à sa condition, ne se contentant pas de la subir tout en soupirant de futiles vérités sur le monde qui l'entoure. Il l'adopte tout en étant détruit de l'intérieur par elle. Quoiqu'il en soit, les personnages qui intrigue le plus sont les deux français : Louis et son père, remarquablement bien incarnés, qui volent toute notre attention par le mystère et le charme qui les entoure. Ils constituent finalement le point le plus positif de l’œuvre qui autrement, dans ses grandes lignes, ne fait qu'aligner une série de meurtres sans queue ni tête. Oui, il y a un gros problème, c'est que Spielberg clôt son histoire trop tôt, sans apporter de conclusion satisfaisante, élément pourtant indispensable dans ce type de long métrage. Munich s'éternise sur ces assassinats en étalant bien tout les détails, ce qui le rend bien peu nerveux (cela malgré la musique de John Williams, peu inspirée mais beaucoup plus oppressante que d'habitude) et parfois longuet, mais s'arrête brutalement là où l'on exigeait des réponses. C'est bien dommage, d'autant plus que comme toujours, la qualité de la mise en scène est au rendez vous, et la photographie en met plein les mirettes. Un film mineur et peu personnel du grand Steven.