Woody Allen a donc posé ses caméras à Londres pour la deuxième fois consécutive. Après la réussite de « Match Point », il raconte une nouvelle énigme policière, faisant appel à nouveau à Scarlett Johansson, qui semble prendre place dans la filmographie de Woody Allen à la suite de Diane Keaton et de Mia Farrow. Malgré la délocalisation sur le vieux continent, nous sommes plus dans la continuité de ses comédies policières new-yorkaises : « Meurtres mystérieux à Manhattan » ou « Coups de feu sur Broadway ». Construite sur une de ces idées loufoques qui l’ont toujours séduit (Zelig l’homme caméléon, l’acteur qui sort de l’écran dans « La Rose pourpre du Caire » ou Robin Williams flouté dans « Harry dans tous ses états »), l’intrigue n’a pas la complexité de son opus précédent ; on sent très vite que nous sommes là en présence d’un McGuffin cher à Hitchcock, c’est-à-dire d’un prétexte pour faire avancer le récit.
Ici, Woody Allen semble s’être plus intéressé à la relation entre la jeune étudiante américaine et le vieux magicien un peu charlatan, lointain cousin de Voltan, l’hypnotiseur du «Sortilège du scorpion de jade » ; ce personnage, joué par le réalisateur lui-même, se fait passer pour le père de Sondra avec l’accord de celle-ci ; et lui qui avait dans un premier temps refusé d’aider sa jeune compatriote, argumentant à juste titre qu’il n’avait rien à voir avec cette histoire, excepté le fait que l’ectoplasme soit apparu dans sa boîte, va progressivement s’inquiéter pour sa « fille » comme le ferait un vrai père. Cette inquiétude est touchante, surtout quand on pense à la vie personnelle de Woody Allen, et à l'ambiguité dans celle-ci des statuts de filles et de femmes.
L'absence d'épaisseur de l'intrigue se fait parfois sentir, avec des situations qui se répètent (les visites dans la cave, les apparitions de Strombel), et les dialogues diarrhéiques habituels tournent un peu à vide. Mais on prend plaisir à voir le symbole sexuel de ce début de millénaire qu'est Scarlett Johansson gourdifiée à ce point : lunettes rondes, appareil dentaire, naïveté désarmante. L'actrice de "Lost in translation" a visiblement pris plaisir à jouer ce contre-emploi, cette midinette digne des comédies américaines, qui à l'instar de ces illustres prédécesseurs (il n' y a pas de féminin à ce mot...), se montrera finalement bien plus futée qu'on ne l'aurait cru. Oeuvre certes mineure dans la filmographie de Allen Stewart Konigsberg, "Scoop" n'en est pas moins un agréable divertissement où il est toujours plaisant de se laisser porter par une telle fluidité narrative.
http://www.critiquesclunysiennes.com/