Film phénomène enfin vu. Après l’avoir visionné, j’ai lu les critiques de l’instant dans un livre de cinéma daté de l’année 1977. En résumé, il ressortait ceci : film qui a attiré plus de spectateurs que le film de Steven Spielberg « Rencontres du Troisième Type » ; « scénario sous-alimenté » ; « seul intérêt du film la présence de John Travolta ». Je me rappelle avoir vu à sa sortie « Rencontres du Troisième Type » parce que déjà fan du réalisateur Steven Spielberg, et parce que je n’aimais pas le disco et les voix des Bee Gees (et toujours pas !). Après avoir lu la critique de l’époque, me voilà rassuré car j’avoue m’être passablement ennuyé. Franchement, je m’attendais à plus de danse, à plus de chorégraphie. Dans l’ensemble, on a droit à quelques déhanchements et des pas qui cirent le sol. J’en avais une idée nettement plus explosive. Sans doute trop nourri aux parodies, comme les Guignols de l’Info ou les frères Zucker ! Il y a la séquence du concours de danse qui me conforte dans mon impression.
Le couple Tony Manero et Stéphanie (Karen-Lynn Gorney) gagne le concours mais Tony qui n’est pas dupe de la décision du jury refuse le prix. Il le refuse parce qu’il dénonce un parti-pris du jury, il le soupçonne de raciste, mais il est conscient que le couple portoricain méritait le prix parce qu’il avait mieux dansé
. Je ne dénigre en aucun cas le travail des acteurs-danseurs, mais le film est à l’image de la prestation du couple Tony/Stéphanie. Assez plan-plan.
Les portoricains méritaient, en effet, de gagner.
Tony me donne raison quelque part. « La fièvre du samedi soir » manquait à mon goût de chaleur, de sueur, de souffle, de fièvre ! Pourtant, tout commençait bien avec ces premiers plans du film. On y voit un Tony marchant dans la rue, un sceau de peinture à la main ; il ne marche pas, on perçoit déjà dans la mise en scène des pas de danse. Tony, le sourire aux lèvres, le corps droit, gracieux respire le danseur. Mais aussi étrange que cela puisse paraître, je n’ai pas ressenti la traduction d’une rage viscérale de son art comme il est traduit dans la série « Pose », « Black Swan » ou « Fame » par exemple. C’est assez superficiel. On y voit plus un Tony avec sa bande, se comporter comme des bad boys, au langage grossier, au comportement macho envers les filles. Peu de scènes de danse, de sueur, de souffrance pendant les répétitions. C’est assez inconsistant. Seules les rôles féminins souffrent mais elles ne souffrent pas d’effort, elles sont humiliées, rabrouées, insultées. Est-ce un film qui en dit long sur une époque ? Partiellement évidemment. Sur un milieu précis, évidemment. En parlant des rôles féminins, « La fièvre du samedi soir » n’avantagera ni Donna Pescow ou Karen-Lynn Gorney ; après ce film, leur filmographie ne saute pas aux yeux, et c’est bien dommage pour elles. Par contre, j’ai eu la surprise de rencontrer au casting le jeune Barry Miller que j’avais apprécié dans « Fame ». Voilà un film musical qui, pour le coup, possède des séquences de danses plus explosives. Ça n’engage que moi. Bref, « La fièvre su samedi soir » est sans aucun doute un film phénomène et comme tout phénomène cela relève de l’orde du fantastique, de l’inexplicable, et je peux bien comprendre pourquoi les spectateurs ont préféré John Travolta à Richard Dreyfuss.