Avis sur L'Amour à la Mer

Vu ce film dans le cadre de la rétrospective des films de Guy Gilles à la cinémathèque. Je ne connaissais pas ce cinéaste. Paris y est magnifiquement filmé. On passe de la couleur au noir et blanc suivant les scènes et ce sont les souvenirs qui apparaissent en couleur. C'est une histoire d'amour en décalé. Elle est persuadée de vivre une grande passion, alors que lui refuse l'enfermement d'un couple. C'est aussi la naissance d'une grande amitié

les questions existentielles d'un marin, c'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases. Il y a un petit style pas de quoi s'extasier cependant.

Gilles filme la nostalgie, les espoirs, les désillusions tout en restant sur des lieux et des images formés par le souvenir. « Lentement je dois renoncer à tout ce que j’attendais de la vie »
Les passants, les longs plans, la musique expressive,le noir et blanc balancé de couleur.
Il y a une magie et en même temps une beauté douce dans cet amour furtif qui ne peut pas vivre sans changer.

Film tendance nouvelle vague, alternant assez maladroitement séquences couleur et noir et blanc, au montage hésitant, mais décrivant très bien cette époque des « trente glorieuses » et du compteur bleu, au sortir de la guerre d’Algérie où « on confond pauvreté et pittoresque », à Brest avec son port, son cours Dajot et sa rue de Siam, et à Paris. C’est l’histoire assez banale, racontée sans pathos aucun, d’un jeune couple qui diverge : « Tu m’oublieras... » De nombreuses apparitions sympathiques ponctuent le film, d’Alain Delon à Juliette Gréco en passant par J-Pierre Léaud bien sûr, Jean-Claude Brialy, Sophie Daumier et Lili Bontemps. Nostalgique et intéressant.

Une très belle balade nostalgique entre passé et présent, souvenirs, désillusions ou révélations. Des liens se tissent entre les personnages au gré des rencontres : certains se distendent, d'autres se renforcent.
Guy Gilles confirme ici son grand talent : science du cadre et de l'agencement des couleurs, poésie de l'image, fluidité d'un récit vagabond. Evidemment, on pense souvent à Jacques Demy : le port, les marins, l'évocation de Nantes, les amours impossibles, l'organisation des couleurs ... et puis la chanteuse est à l'Eldorado et chante Lola ...