Le premier film de Valérie Minetto est une belle réussite. « Oublier Cheyenne » est une fable contemporaine originale explorant la confusion des sentiments et les conséquences de la précarité actuelle sur les destinées individuelles. Réflexion sur la solitude, linégalité, la précarité mais aussi et surtout une très belle histoire damour, troublante et interprétée par dexcellents comédiens. Aurélia Petit crève lécran de sa justesse, de son charme et de sa sensibilité à fleur de peau. Elle incarne Sonia, se battant avec ses propres convictions, ses contradictions, en proie au doute constamment. La cinéaste évite les clichés liés à la marginalité et livre un film audacieux, singulier, engagé, analysant avec beaucoup de sensibilité la situation actuelle de la France à travers des personnages aux idéaux très marqués, pour la plupart en révolte, anti-consuméristes et anti-matérialistes. A travers une mise en scène décalée (surtout dans sa première partie où les acteurs s'adressent à la caméra), Valérie Minetto évoque l'amour impossible dans une période de précarité et, à l'aide de dialogues intelligents et réfléchis, met tous ses personnages face à leurs propres contradictions. Aux côtés d'Aurélia Petit on retrouve Mila Dekker qui incarne Cheyenne, jeune femme fuyant la société pour aller vivre en pleine nature, en rébellion contre le système et qui, dans son combat, a sacrifié sa vie privée. On retrouve également l'excellent Malik Zidi apportant humour, légèreté et poésie ainsi que Laurence Côte dans le rôle de l'anarchiste et sensible Edith. Comédie de moeurs, drame, histoire d'amour, réfléchi, "Oublier Cheyenne" est un premier film audacieux, pertinent et politiquement engagé, soutenu par des interprètes de talent et énergiques. Ce qu'on retient c'est toute la justesse, toue la lucidité du discours du film, toujours fluide et bien écrit. Un premier film très prometteur. C'est indéniable, les femmes apportent du sang-neuf dans le cinéma français !