Avis : Truman Capote - Page 4

Bien que centré sur seulement cinq années - celles de l'écriture de 'De sang froid' - ce vrai faux bopic parvient à rendre dans leur complexité la vie et la personnalité de Truman Capote. Le scénario est en effet parfaitement ciselé et équilibré, alternant entre scènes d'enquêtes et d'entretiens durant lesquelles Capote se montre vulnérable et sincère, et scènes mondaines, où on le découvre drôle, exubérant, et même parfois insupportable. La realisation est quant à elle sobre mais classieuse. Enfin, la performance de PSH est remarquable de justesse.

Film à oscar tentant de nous dresser un portrait fidèle de Capote au travers de l’écriture de son dernier roman. Le film vaut bien sûr pour l’interprétation de ce personnage si particulier, archétype de l’homosexuel maniéré. Seymour Hoffman s’y est collé nous livrant une interprétation à couper le souffle avec un travail minutieux sur la voix si reconnaissable du célèbre journaliste écrivain. L’oscar venant récompenser cette performance n’est donc que justice. Pour le reste on voit se dresser au fur et à mesure de l’écriture du roman le portrait d’un homme complexe et sans scrupule qui sous prétexte d’être tombé amoureux d’un des condamnés lui extirpe ses confessions à coup de recours judiciaires pour retarder son exécution. Tout entier à son affaire et uniquement intéressé par sa propre réussite Capote finira par laisser les choses s’accélérer afin de mettre le mot fin à son manuscrit. Il s’agit donc d’un essai sur la panne d’inspiration de l’écrivain et de sa frénésie à y mettre fin. Ce phénomène était encore plus vrai pour Capote qui était accro à la gloire. Ainsi les scènes où l’on voit Capote lors de mondanités se moquer du tout New-York sont les plus réussies.

"Il n'y a qu'un unique Truman Capote. Personne d'autre n'est Truman Capote, personne d'autre ne sera Truman Capote." avait dit Truman (Capote, vous l'aurez compris) quelques temps avant sa mort en 1984. Et pourtant... Philip Seymour Hoffman en donne une représentation crédible, sensible et outrepassant son faciès (qui n'est pas du tout ressemblant à l'original) grâce aux mimiques et à une voix quasi-identique perchée dans les aigus et fragile... L'histoire est celle du seul et de l'unique roman achevé par l'écrivain (tout le monde connaît le nom de Truman Capote, mais j'ignorais qu'il n'avait fait qu'un seul livre... Incroyable !). Ce roman-vérité narre le fait divers morbide d'un cambriolage qui vire à la tuerie d'une famille dans le Kansas, et la longue incarcération des deux meurtriers condamnés à la pendaison, sans cesse ballotés entre les appels et les transferts... Truman se liera d'une amitié-inimitié pour l'un des deux sujets de son roman, Perry, et oscillera toujours entre la valeur humaine du criminel qui lui fait regretter le jugement final, et la monstruosité de son acte qui lui fait attendre la pendaison pour pouvoir terminer son roman. La dualité de cette relation presque malsaine est parfaitement rendue dans le film, et le jeu de Hoffman nous attache vite à ce singulier personnage. On connaissait le nom, beaucoup moins le personnage et l'histoire particulière de sa vie, voilà chose faite, avec subtilité et talent s'il-vous-plaît.

Vu en classe (je devais choisir entre cette version et Infamous, dans lequel Toby Jones joue le rôle de Capote), j'ai trouvé ce film plutôt pas mal dans l'ensemble. Je ne connaissais pas très bien le personnage de Capote, je savais qu'il avait écrit des livres, mais j'ignorais à quel point il était impliqué dans l'écriture de 'In Cold Blood', qui raconte l'assassinat sauvage d'une famille dans le Kansas. Truman Capote a alors suivi l'enquête de très près et a même crée des liens avec un des deux assassins. Récompensé par l'Oscar du meilleur acteur en 2006, Philip Seymour Hoffman livre une prestation vraiment remarquable et prouve qu'il n'a pas volé cet Oscar! J'ai été bluffé par la ressemblance autant physique que vocale avec le vrai Capote! Cette petite voix agaçante et la façon de parler, en marmonnant à moitié, c'est tout à fait Capote! L'interprétation de Hoffman est clairement un des gros points forts du film. Concernant l'histoire, le fait que ce film se concentre sur un moment de la carrière de Capote est intéressant car il permet de détailler pas mal d'éléments, mais honnêtement, ça tire parfois en longueur. La fin est assez bouleversante, la scène dans laquelle Capote fond en larmes ne m'a pas laissé indifférent, et je suis prêt à parier que c'est cette scène-là qui a fait de Hoffman un acteur oscarisé, tant il dégage de la puissance émotionnelle. J'ai trouvé cela intéressant de voir ce film car je ne suis pas un grand connaisseur de Truman Capote, qui est pourtant un auteur de roman qui a marqué l'histoire. Et ce genre de film permet de mieux connaître certains personnages sans pour autant devoir passer par la case encyclopédie.

Avant de découvrir très bientôt Foxcatcher, j'avais envie de revenir aux sources du cinéma de Bennett Miller, le talentueux auteur du Stratège, qui se livrait déjà avec son premier film à un numéro d'équilibriste maîtrisé avec sang-froid. Et c'est d'ailleurs De sang froid, grand succès littéraire de l'écrivain américain Truman Capote, qui donnera prise à Miller pour y accrocher le complexe processus d'analyse auquel il se livre, sur la genèse d'une oeuvre littéraire et le combat d'un auteur contre lui-même. Tiraillé entre sa personnalité égocentrique avide de lumière, et une certaine compassion vis à vis des tueurs qu'il interroge en vue de se faire une idée sur l'affaire dont il souhaite tirer un roman, Capote se dévorera, sombrant dans l'alcoolisme. Il ne terminera d'ailleurs plus un livre après celui-ci. C'est cette figure du génie aux prises avec la forme de suprême perfection que lui seul semble pouvoir envisager, et l'exigence inhumaine qu'elle requiert, que l'interprétation sidérante de Seymour Hoffman et l'écriture rectiligne mais indiscutable de Miller cherchent avant tout à développer. Mais pas besoin d'aller beaucoup plus loin pour voir se dessiner une fable amère sur l'impossibilité à créer réellement, pas dans le sens de créer du neuf, mais plutôt dans celui de créer pleinement, de conformer tout entière son oeuvre à un idéal qui ne deviendra rien de plus, désespérément hors d'atteinte. Car que veux Capote, sinon révolutionner l'approche du récit de fait réels en lui donnant les formes du récit de fiction, pour accoler sur la force authentique du premier les formes retravaillés du second ? Désir inassouvi, in fine, tant on se rendra compte en allant chercher au plus profond la vérité qu'on ne peut pleinement la comprendre, si Capote le peut (ce que, comme bien des questions qu'il pose à demi-mots, le film laissera intelligemment en suspens). Cette inachèvement du processus d'écriture, Miller s'en empare à merveille, utilisant les moyens d'un art narratif pour mieux en décrypter un autre. Truman Capote raconte la vie réelle d'un auteur passionnant, mais comme le veut son propos, d'une façon pour le moins austère qui laisse une grande place au doute et maintient la distance adéquate avec son récit. Une mise en abyme efficace, bien que limitante, d'un point de vue émotionnel surtout. Mais en fait, Capote est avant tout un film d'analyse, qui place, comme son personnage d'ailleurs, une certaine forme d'exigence intellectuelle en haut de la liste de ses priorités. C'est un film qui à défaut de passionner totalement, sait exactement ce qu'il veut être, et le devient. Je découvrirai l'écrivain sous peu en tout cas, c'est certain.

Premiers plans du film : la campagne au fin fond du Kansas. Une voiture s'arrête, en sort une jeune fille qui sonne à la porte de la maison. Pas de réponse, la porte est ouverte, elle rentre, elle appelle, rien. Elle monte à l'étage, et découvre le cadavre de son amie auréolé d'un jeyser de sang. New York. Truman Capote, scénariste et romancier à succès, assumant crânement son homosexualité, découpe un article sur le quadruple meurtre du Kansas. Accompagné de son amie et collaboratrice Nelle, il part enquêter pour le "New Yorker". Grâce à sa célébrité, il se fait inviter chez le sheriff qui mène l'enquête, obtient le journal intime d'une des victimes, se fait montrer les photos du meurtre.
Jusqu'au jour où les deux assassins se font arrêter, et rapidement condamnés à mort. Capote graisse des pattes pour pouvoir les approcher, les amadouer, et progressivement s'en faire accepter, particulièrement de Perry. Il leur trouve les avocats qui d'appel en appel, vont réussir à repousser l'exécution de plusieurs années. Entretemps, le projet d'article s'est transformé en projet de livre d'un genre nouveau : la "non fiction novel". Il multiplie les entretiens avec Perry, avec un objectif, l'amener à raconter ce qui s'est passé cette nuit-là dans la maison des Clutter.

"Truman Capote" n'est pas un biopic, une de ces biographies romancées en vogue à Hollywood, et heureusement. Bennett Miller a décidé de ne s'intéresser qu'à ces six années qui ont mené à l'écriture de ce qui sera le dernier livre achevé de Capote. Il s'est concentré sur les relations entre l'écrivain et l'assassin, dont il dit : "C'est comme si nous avions été élevés ensemble dans la même maison, et que j'en étais sorti, moi, par la porte de devant, et lui par la porte de derrière."

Pour faire parler les témoins et plus tard le meurtrier, Truman Capote commence par parler de lui, de son enfance, du sentiment de rejet, de la difficulté d'être différent. Avec Perry, il partage l'absence du père, le suicide des proches ; quand le prisonnier refuse de s'alimenter, il va acheter des petits pots pour bébés et le nourrit à la cuillère.

Mais assez vite, il se trouve confronté à un dilemne : d'un côté Perry en acceptant de se livrer lui accorde son amitié, alors qu'il est abandonné de tous, et même de sa famille ; de l'autre, comme il s'est engagé à ne pas publier le livre avant "la conclusion" de l'affaire, il attend la pendaison et ne peut qu'adopter la fuite devant les reports successifs de l'échéance.

Le film repose sur la performance de Philip Seymour Hoffman, qui a obtenu le Golden Globe et l'Oscar. Jusque là cantonné aux deuxièmes rôles, il parvient à la fois à composer un véritable sosie de Truman Capote (la comparaison avec les images d'archives est édifiante), tant par son attitude corporelle que par sa voix de fausset, et à la fois à s'affranchir de cette imitation pour interpréter les multiples émotions contradictoires qui habitent le personnage.

Son jeu accroit l'ambiguité de son attitude, notamment par rapport à la réalité du lien qui le lie à celui qui l'appelle amigo : quand il se montre odieux avec lui quelques jours avant l'exécution, est-ce pour l'obliger à parler de la nuit du meurtre, ou est-ce parce qu'il se rend compte que cette amitié va l'entraîner là où il ne veut pas aller ?

A signaler la passionnante interview d'Emmanuel Carrère dans Télérama, où il explique comment 'De Sang-froid" a été la référence de "L'Adversaire", qu'il a consacré à Jean-Claude Romand, qui a assassiné toute sa famille après avoir fait croire pendant des années qu'il était médecin.

http://www.critiquesclunysiennes.com/

Un film sobre et complet sur un des auteurs américains les plus talentueux mais aussi les plus ambigu du 20e siècle. Plus qu'une adaptation du roman de Capote, le film traite de la manière dont il a été écrit et pose plus universellement la question de la légitimité, voire de la folie des auteurs. Ici, Capote se fait totalement posséder par son roman-prototype.
Un film très intelligent.

Je ne connaissais pas cet homme faisant partie de l’histoire de la littérature américaine, un personnage intrigant joué par le regretté Philip Seymour Hoffman, la mise en scène est épurée, solennelle, des moments de réflexion mélancolique jusqu’à la dramaturgie, la prière finale avant l'exécution rédemptrice m’arrache des larmes, un film magnifique.

Sans vouloir denigrer l'excellente interprétation de PSH (oscar justifié) j'ai été un peu déçu par le manque de rythme global de cette oeuvre ,surtout comparé a celui plus haletant de la version de 1967.Ok c'est une évocation de la genèse du roman phare de Capote mais les investigations journalistiques demeurent bien fades et ce ne sont pas la réalisation ,ni la musique mollassonne qui viennent bousculer un ensemble trop académique.Par contre les comédiens sont tous très bons a commencer par PSH qui réalise un travail époustouflant du point de vu gestuel comme verbal (même si vu dans une VF tres correcte) ,mention speciale a Collins Jr dans le rôle d'un des 2 meurtriers qui instaure une relation particuliere avec Capote du fait de leurs enfances respectives difficiles.L'irruption de l'homo/intello Capote dans un bled paumé de l'amerique profonde est bien rendue mais la perf de PSH reste l'arbre qui cache la foret d'ennui ,mieux vaut garder le souvenir du "De Sang Froid" de 1967.

Plus que le portrait d'un écrivain farfelu et admiré, "Capote" est celui de la curiosité, de la tempérance, de la fascination. Il respire le calme et la concentration, le talent et la persévérance. Il ne tombe ni dans l'éloge excessif ni dans la satire grossière, et montre ce qui fait qu'un auteur s'intéresse à un sujet. Reste que celui du film est finalement, hélas, assez limité, et ceux qui s'attendraient à un véritable dépaysement risqueraient d'être déçus. Un film pour littéraires passionnés d'Amérique et de grands espaces.

Personnalité extraordinairement complexe et ambiguë,"Truman Capote"(2005)méritait largement un film lui étant entièrement dévoué.Précieux,obstiné,insolent,innovant;Capote est incarné avec un mimétisme stupéfiant par un Philip Seymour Hoffman en lévitation.Il est l'atout principal d'un long-métrage peu aimable,qui n'arrive pas à nous passionner pour cette virée dans le Kansas d'un écrivain,qui tente de prouver que raconter un fait-divers est aussi passionnant qu'une fiction.Le film est étrange,lent,moralement indécis et penche ouvertement du côté de l'obtention d'Oscars.

Ce biopic est porté par un talent démesuré de Phillip Seymour Hoffman qui dresse un portrait ambigu et fascinant d'un artiste sinueux et mystérieux. L'acteur porte le film sur ses épaules pour une réalisation simple mais efficace.

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Truman Capote est un film au final assez peu palpitant dont la pérennité est sans doute plus due à la performance d'acteur de Philip Seymour Hoffman qu'au film en soi.
Philip Seymour Hoffman est évidemment excellent dans le rôle-titre. Les quelques images d'archives que nous avons de Truman Capote montre la parfaite similitude entre le personnage réel et le personnage fictif. Les autres acteurs sont très bons (de très bons seconds rôles) : Catherine Keener, Clifton Collins Jr, Chris Cooper et Bruce Greenwood.
Au-delà de la prestation de l'acteur principal, ce biopic n'est finalement qu'un biopic parmi tant d'autres. Le choix de filmer l'écriture de son livre De Sang-Froid (son œuvre la plus célèbre) est assez évidente et l'histoire reste assez plate. Certes la relation entre Truman Capote et les accusés à mort est intéressante, mais l'histoire intéresse peu. Et malgré une durée assez classique, il y avait tout de même quelques longueurs.
Ça se regarde (car ce n'est pas mauvais, le film est bien fait), mais sans plus (je ne suis pas sûr que ce soit une histoire très captivante). Je ne recommanderais pas forcément le visionnage de film.

Ce biopic à l'atmosphère sombre parfois lassante est tout de même intelligement construit, mais l'attraction principale réside en Phillip Seymour Hoffman, tout à fait remarquable qui n'a pas volé son Oscar.

Seymou Hoffman est éppoustouflant, ce film est une grande réussite