Ce qui m'a toujours plu chez Terrence Malick se résume en 2 points : une qualité visuelle indécente et un discours discret, lyrique, philosophique (même pseudo, mais tant pis). Les moissons du ciel n'a réussi que sur un point : la forme. Exceptionnelle, une fois de plus. Terrence Malick a une figure de style pour mettre en scène, permettez moi de lui donner l'expression. Sa caméra prend des plans fabuleux, effectue des mouvements uniques. Pas de plans fixes, pas de mi-distance, non, toujours en mouvement, toujours a saisir la beauté du vent ou de la chaleur de la nuit. D'autant plus exceptionnel que le paysage choisit est plus que banal : une ferme, des champs de blés à perte de vue, aucun relief. Pourtant, Malick saisit la beauté de la terre et du ciel, filmant alternativement les epis de blés en mouvement, ou le ciel changeant. C'est cette notion de temps qui passe qui est bien senti : au gré de la journée, des jours, mois et saisons; le ciel l'après-midi, au coucher du soleil, la nuit ou la terre en friche jusqu'aux majestueuses poussent à maturité. Avec une prédominance du coucher du soleil, qui nous offre un véritable tableau de maître. Voila. Donc ça, ça va. Mais après, le fond me gêne. Après un début assez misérabiliste sur les durs conditions de l'Amérique rurale du début XXeme, vient une triangulaire où se mélange désir d'argent, d'amour, tromperie, maladie, sociale. Ca marche, mais ce n'est pas fabuleux. Pas très bavard aussi, trop peu en fait, et qui plus est j'ai toujours eu un peu de mal avec Richard Jouïr, qui ne se démarque pas ici. Pour finir sur une note positive, parce que ce film le mérite (il ne vole pas, sur de nombreux points, son classement de chef d'oeuvre), soulignons l'excellent travail de l'incontournable Ennio Morricone, qui apporte la touche de poésie à l'univers visuelle.