Quel enfer ! Je me suis senti insulté pendant deux heures, pourquoi se morfondre dans de tels travers avec pourtant un concept tout à fait respectable ? Mais un concept ça ne suffit pas et comme le disait Renoir l'exécution est plus importante que le sujet.
On assiste à un film d'une complaisance, infantilisant, rendant caduque la réalité des camps, se refusant presque aucune pudeur, tout ça pour se prétendre tendre et clownesque alors qu'il n'est que l'inverse, comment peut on accepter un film qui rend à ce point la réalité fausse et édulcorée sur le simple autel d'une fausse tendresse ?
Le parie selon moi était de créer une ambiguïté entre la barbarie absurde et le conte, seulement le film est surtout très niais et limite racoleur, il appuie bien trop la plupart de ses séquences, la musique y est omniprésente, et je me sens agressé par cet aspect limite révisionniste d'un fait, il suffit d'être factuel, et tu peux quand même en faire un film qui ne soit pas ultra violent, il suffit juste de capter plusieurs aspects d'un fait, pas de choisir ce qui t'arrange et le traité avec une légèreté indécente. Toutes ces séquences ou l'enfant n'est pas avec le père auraient pu être frontales, froides, moroses, pour justement créer un vrai contraste quand il lui dit que tout va bien, que tout n'est qu'un jeu, non Benigni se refuse ça et il n'y a que de la pitrerie, comme s'il essayait de détourner le spectateur de la réalité en lui faisant des blagues, or je ne suis pas l'enfant, et il n'y a aucun double discours qui pourrait toucher la grâce, j'aimerai qu'on arrête de me prendre pour un demeuré et qu'on soit au moins sincère, au mieux juste.
De plus c'est très pauvre en se qui concerne la mise en scène, la musique appuie des séquences qui n'ont pas besoin de l'être pour que l'on comprenne de quoi il est question. En fait je crois que je déteste de plus en plus la musique dans les films, il y'a cette façon malhonnête de m'expliquer ce que je vois, aucune pudeur, aucune subtilité, je ne dis pas que c'est toujours la cas, mais ici ça l'est.
On assiste aussi à des pitreries qui ne fonctionnent jamais avec le montage ou le cadrage, et on voit très bien que ça se revendique de Chaplin ou de Tati, je ne connais pas assez Tati donc je ne vais rien dire, par contre chez Chaplin il y'a une pudeur, il y'a un montage qui fonctionne en conséquence, et qui feinte souvent nos attentes, quand on a pas le talent de se mesurer aux grands, il faudrait au moins avoir la descende de ne pas les copier avec si peu d'intérêt.
En fait tout ça ressemble plus à un téléfilm qu'autre chose, tant dans le rythme, que dans l'enchainement des plans, et surtout dans cette non appropriation de la mise en scène pour retranscrire l'humour, qui d'ailleurs ne m'a jamais touché, mais voir Benigni faire le pitre sur de la musique cliché je me demande si c'est réellement en accord avec ma conception de l'humour réussi, surtout que ça n'est jamais déviant, je pense qu'un humour plus "crade" dans ce contexte aurait encore une fois ajouté de la profondeur, de l'ambiguïté, et paradoxalement on aurait pu avoir de réelles séquences de pudeur ou de tendresse si Benigni avait osé repousser certaine limites.
La seule séquence qui ne soit pas insupportable et artificielle et celle ou meurt Guido, en hors champ, juste le bruit des balles qui nous est donné à entendre, j'aurais enlevé la musique, mais à ce stade j'avais compris que Benigni se refuserait presque aucun silence, il y'en a à la fin, le scénario l'exige, mais justement réellement jouer sur le silence, et enlevé la musique dans toute la dernière partie, pour ne laisser que les bruits naturel sen hors champ, ça aurait pu avoir une puissance, une frontalité...
Mais tout n'est qu'histoire de facilité, de convenir à un public qui préfère qu'on lui édulcore la réalité, qu'on le fasse rire, qu'on le "touche" plutôt qu'on soit pertinent, ambigu ou honnête...