Dites lui que je l’aime est un Claude Miller assez moyen, qui ne m’a pas franchement convaincu.
L’histoire reste tout de même perclus de longueurs. Ça traine, surtout la première partie du film qui aurait réellement pu être réduite, et ça débouche sur un final d’une dizaine de minutes, intéressant, mais on se dit que le glissement est assez soudain. Le métrage manque de rythme, il manque d’intensité (Depardieu nous fait ses petites crises mais enfin le basculement est trop rapide), et la narration n’est pas bonne. Quel dommage de ne pas avoir traité ce film avec plus de sérieux, de fluidité. Claude Miller ici hésite vraiment trop entre le drame et le thriller, et il en résulte un métrage austère, trop plat alors que le sujet ce prêtait à un climax beaucoup plus tendu, étouffant.
Le casting n’est pas mauvais, mais je ne crois pas que Depardieu était le choix le plus judicieux pour le rôle principal. Il a la carrure inquiétante, mais son jeu manque de profondeur ici, il n’est pas assez fou, assez furieux, il nous livre une prestation trop tiède. On peine à croire à la folie et à la jalousie galopante qui envahissent son personnage au long du film. Autour de lui un joli gratin du cinéma français. Miou-Miou est très belle mais son jeu assez plat. Celui qui surnage à mon sens c’est Jacques Denis dans la première partie du film. Pour le reste les présences de Clavier, Balasko sont anecdotiques. Dominique Laffin ne retient pas outre mesure l’attention de son côté.
Reste de belles qualités formelles. Miller prend une ambiance hivernale, et c’est une réussite. Cela donne une tonalité grise et froide au film qui sied à merveille au propos du film, et on aurait presque aimé que ces extérieurs mornes et tristes soient plus exploités. Sinon Miller offre une mise en scène intéressante, utilisant bien ses décors, avec peut-être un final un peu brouillon, dommage car on sent justement des recherches plastiques assez originales. La bande son est assez austère, dissonante, comme on pouvait l’attendre de ce genre de drame des années 70.
Miller livre un film pas inintéressant, mais pas assez puissant. C’est un drame des sentiments, de la folie, on devrait avoir une tension de chaque instant, un glissement aux Enfers du héros, mais finalement on se retrouve avec un métrage trop plat, trop pâle, et c’est frustrant. 2.