Projet ambitieux et complexe, "The Doors" fut mis en scène par le très décrié Oliver Stone en 1991. Avant de voir ce film, les à priori fusèrent dans ma tête... Avait-il construit un clip énorme ? Jusqu'à quel point les scènes de concert feraient dans la démesure ? Et pourtant, tout au long de cette oeuvre, le cinéaste semble s'être assagi. Il tient ses plans, orchestre sa mise en scène sur des cadrages consistants et réfléchis, évite d'agiter sa caméra dans tous les sens... Bon, c'est vrai, ce n'est pas du grand cinéma d'auteur rêveur mais le rythme est plus posé qu'à l'habitude. Pour quelle raison se dit-on au premier abord ? The Doors était un groupe mythique, si on n'est ni dans l'hystérie, ni dans le planage total, où est l'intérêt ? Effectivement, le style apparaît comme manquant de relief, il fait tomber le récit dans le plat total. Et puis, petit à petit, la démarche de Stone gagne en densité : il a décidé de s'éclipser pour mettre en valeur le groupe dont il est fan. Conscient de s'attaquer à du quasi-surréaliste, il donne un statut de demi-dieu à Morrisson, le grandit constamment, le présente comme un phantasme et fantôme vivant totalement intouchable, inattaquable même 20 ans après sa mort. On est dans un univers parallèle et l'on se rapproche petit à petit du caractère de cette star déchue. Sa folie devient nôtre et le réalisateur, sans bercer dans l'intimisme dont il n'est pas spécialiste parvient à capter cet état d'esprit délirant, déjanté, en constant état second. On a vraiment l'impression de rentrer à l'intérieur de Morrisson, on revit ces événements uniques qui ont fait la renommée du groupe, ce qui n'est pas un mince exploit. Bien sûr, les personnages secondaires sont effacés, la reconstitution parfois un peu caricaturale, la raison de vivre de ces hippies jamais vraiment mentionnée, l'image est un peu laide et ne manifeste pas toujours une grande varité dans ses tons... Mais ce n'est pas l'essentiel, laissez-vous simplement bercer par ce trip et