Allez-donc savoir pourquoi ce film n'a pas marché à sa sortie ?
Il est pourtant sombre et poétique ce film s'intéresse à un couple de sans-abris qui occupe un pont neuf en travaux... une très belle réalisation tout en ambiance, un scénario bien construit pour un film qui ne ressemble à aucun autre.
Nul doute que la critique pro ne l'a pas soutenu, le jour où elle se risquera à promouvoir la jeune création au lieu d'enfoncer les portes ouvertes des vétérant vertueux que tout le monde connait déjà n'est pas encore arrivé...
Peut-être simplement que ce film était trop en avance sur son temps... et qu'il n'a pas su trouver son public à sa sortie.
Quoi qu'il en soit il vaut la peine d'être vu et revu d'autant plus qu'on le trouve en DVD dans une belle édition pas cher du tout... pourquoi s'en priver ?
Voilà un film qui reste largement d'actualité. A travers une mise en scène romantique, musicale, harmonieuse, Leos Carax nous montre et explique les difficultés auxquelles sont confrontés certains SDF (insomnie, alcool, solitude, perte d'espoir ...). J'ai tout de même senti quelques petites longueurs et je doute de la crédibilités d'un élément du film (affiches et radios mobilisés vers Michel). Film nécéssaire et réussi.
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1,5
Publiée le 22 juin 2021
Ce film romantique était tellement déprimant et irréaliste qu'il m'était impossible de ressentir de la sympathie ou de l'empathie pour les deux personnages principaux et leurs vies désespérées et désolées. J'ai continué à regarder le film dans l'espoir vain de trouver un élément rédempteur mais j'ai échoué lamentablement. Il faut avoir une certaine dose de masochisme pour assister à ce cours d'endurance de deux heures. Je n'ai rien trouvé qui ait enrichi mon cœur ou mon esprit de quelque manière que ce soit. C'était tout simplement déprimant de regarder ces personnages dans leur quête d'autodestruction. Je ne comprends pas comment l'amour peut germer ou s'épanouir dans de telles conditions et avec de telles fausses motivations. On ne peut le regarder que de manière détachée car il est absolument impossible de comprendre ou de s'identifier aux personnages principaux...
Ah "Les Amants du Pont-Neuf"... Un véritable chef-d'oeuvre du cinéma français ! Leos Carax a tout mis dans ce magnifique drame poignant ; tellement mis d'ailleurs, que l'échec commercial n'en a été que plus retentissant... Pauvre France... Parce que ce film est d'une beauté désarmante, d'une violence anthropique, d'une force incandescente, d'un désespoir à fleur de peau, comme d'un bonheur tragique ! Pas de demi-mesures dans cette révolte des êtres, on est dans la vie, à la mort, éternels. De la poésie pure. Mais les gens n'aiment pas la vérité...
Un film de génération dramatique et intense par son histoire, ses personnage et sa réalisation virtuose. Un film de génération mal dans sa peau à l'opposé (Sorti 3 ans après) "le grand bleu" que j'ai trouvé froid et artificiel. Une histoire bousculée comme l'a été la réalisation de ce film. Du grand Leos Carax.
Le duo Binoche-Lavant est très touchant. Leos Carax dont les films ne sont pas toujours aisés à comprendre ou à suivre, signe ici un bon film sur le thème sensible des SDF leurs espoirs, leurs peurs, leurs tristesses.
Ce film est une succession de scènes plus magnifiques les unes que les autres, sublimant un amour fou, un amour difficile à intégrer pour l'une et rédempteur pour l'autre. Un pont, qui relie un monde à un autre, un état d'âme à un autre, une peau à une autre. C'est un film qui nous parle, violemment, de l'urgence à vivre. A tout vivre.
Sur le Pont-Neuf en réfection et fermé à la circulation, comme un no-man's land au coeur de Paris, Alex et Michèle incarnent la déchéance, énigmatique pour le premier, porté à l'auto-mutilation, expliquée pour la seconde, dessinatrice malade des yeux et devenant progressivement aveugle. Leur rencontre, qui suit un préambule brutal et terrible sur la misère du clochard, pourrait être leur salut si Leos Carax, si tant qu'il soit tenté par un happy end, concevait leur relation amoureuse comme leur dernier moyen d'échapper à l'auto-destruction, de renaitre. Tellement singuliers, les amants du Pont-Neuf, qui portent sur le corps les stigmates de leur douleur et de leur détresse, sont comme deux enfants auxquels on ne peut pas ne pas s'attacher. Carax présente des scènes qui sont, indépendamment du déroulement de son histoire, de purs plaisirs de cinéma et desquelles le film tire sa grâce et sa beauté. Car, émanations contemporaines du réalisme politique (celui de Carné-Prévert en leur temps), les personnages crasseux et meurtris de Carax se fondent dans le décor féérique du Pont-neuf et de la Seine magnifiés, des beaux bâtiments de Paris et des enseignes lumineuses alentour. Le drame touche parfois à l'irréalité, sans doute en raison de cette combinaison détonnante de violence, de laideur et de romantisme, d'hyperréalisme (des corps) et d'amour idéalisé. L'implication, jusqu'à la souffrance peut-être, de Denis Lavant et Juliette Binoche, est aussi évidente qu'exceptionnelle.
Un peu l'antithèse de "Gens de Dublin", vu et critiqué ici récemment ... La vie ne vaut d'être vécue sans passion, telle semble être la devise des "Amants du Pont-Neuf". La séquence initiale aux airs de documentaire sur les conditions de vie des SDF montre clairement la volonté de Leos Carax de s'affranchir des cloisonnements et des habitudes d'un cinéma bourgeois. Puis le film s'embrase dans un déchaînement des sens et de déraison - le travail de sape des codes est à son comble. On pourra regretter l'embourgeoisement - tendance bourgeois-bohème - de la partie finale, un peu longue et molle.
Le film est tout simplement aux antipodes du cliché carte postale de Paris. Ici, Paris est salle, triste et dure pour les personnes qui n'appartiennent pas à la "haute". Mais Paris, ville d'amour, tout de même. La romance entre Denis Lavant et Juliette Binoche n'est pas de celles qui font rêver et c'est cela qui donne ce côté si particulier au film. Peut être que l'on pourrait qualifier l'histoire de poetico-clocharde. La misère colle à la peau et on ne peut ou ne veut en sortir. Passé ce cadre et la beauté esthétique du film, je trouve que le scénario peut être parfois poussif. Il y a des longueurs, des rebondissements qui n'en sont pas vraiment et qui n'étaient, à mon goût, pas essentiels. Les deux heure m'ont semblé un peu longuettes, souhaitant que les amants aillent dans une direction ou une autre. On pourra rétorquer que ce sont les personnages qui font ça, et c'est vrai. Malgré cela, le film vaut le détour car il représente, je pense, une référence pour un genre cinématographique bien particulier.
"Les Amants du Pont neuf" : titre qui contient en son sein toute la poétique de Carax : l'amour et le pont , l'amour sur le pont, ce lieu qui n'est qu'à lui, ce lieu unique où les amoureux s'assemblent et se séparent , se tournent autour tels les amants de Brel qui ne savent pas vivre en paix. Crever de froid et d'alcool dans la misère naturaliste du film pour revivre dans le tourbillon de l'amour. Un film unique, bercé par Bowie et proche de la magie de Kusturica : on danse, on skie, on tue : la Seine est à nous, celle qui nous conduira à la mort commune, toi et moi. Un film excessif, immense, heureusement démesuré qui s'autoconsume, s'embrase et se régénère. Sublime.