Je ne partais ni enthousiaste ni dubitatif dans Le Voile des illusions, pensant assister à un métrage roman photo, avec de l’amour, un fond historique, bref, la romance à l’ancienne typique. J’ai eu cela, mais le résultat est faible.
Le problème, c’est que le réalisateur n’exploite pas grand-chose finalement. Il nous sert un récit placide, au rythme lent et parfois vraiment ennuyeux, sans surprise, où le fond historique n’est qu’effleuré, où la romance et la force des sentiments ne dépassent guère le cadre d’une pudeur contrite, et qui passe par à peu près tous les lieux communs du genre. Le Voile des illusions manque terriblement de force et de saveur, c’est un récit d’un académisme froid et où tout semble juste technique, mécanique, pour un rendu qui sent bon la naphtaline. L’histoire du coup, malgré la plongé originale dans la Chine des années 20, ne parvient guère à passionner, surtout que le film dure 2 heures, et peine à remplir sa durée.
Le casting tente de sauver ce qu’il peut, mais en dehors du duo Watts-Norton il n’y a pas grand monde. Schreiber, Hawkins et Rigg ne sont ainsi que des rôles d’appoint à la présence presque anecdotique, tant les personnages sont basiques, et leurs apparitions peu utiles au déroulé du film. Par ailleurs le personnage de Norton, un peu comme celui de Watts peinent à être très attrayants. Les acteurs ne parviennent pas à insuffler le souffle et la puissance manquant à l’histoire, sauf un peu, vers la fin, mais la faiblesse d’écriture de leurs rôles, dont l’essence semble tenir tout entière dans l’adultère au début du film de l’héroïne, plombe bien leurs interprétations.
Reste alors un certain effort formel. De beaux paysages, une reconstitution soignée, une photographie de qualité, une très belle bande son signée Alexandre Desplat mais avec pas mal de morceaux classiques, tout cela concoure à faire du Voile des illusions un film élégant, sans pour autant l’éloigner du sentiment d’académisme qu’il dégage. La mise en scène très posée, pour ne pas dire plate, est pour beaucoup dans ce sentiment.
Franchement, Le Voile des illusions est une déception. J’attendais beaucoup plus d’un tel film, qui avec platitude, avance au fil de ses 2 heures. Ennuyeux, sans souffle, le catalogue d’images est beau, mais cela ne peut pas suffire, en dépit du casting solide. 2