Avis sur Liberté la nuit

Ce film est sans doute l'un de ceux que je préfère dans la filmographie de Philippe Garrel. Il est beau, touchant, fort et arrive à traiter à la fois du sujet complexe de la guerre d'Algérie, mais également de deux histoires d'amour, le tout dans un film de même pas une heure vingt.

Ce que j'aime, c'est que si la guerre d'Algérie a un impact sur tous les personnages du film et un impact assez tragique, elle n'est jamais au premier plan, ce que l'on voit c'est des couples, l'un qui se sépare, l'autre qui se forme, le tout avec énormément de tendresse, alors qu'en même temps les personnages sont tous impliqués dans la lutte pour l'indépendance algérienne.

Le film regorge ainsi de scènes absolument magnifiques, notamment celle où Maurice Garrel propose à Emmanuelle Riva de se séparer. C'est fait avec une tendresse folle, notamment lorsqu'ils se revoient, qu'il l'embrasse sur la joue, le front, ce n'est pas qu'il n'y a plus d'amour ou de tendresse entre eux, c'est juste qu ça ne convient plus.

Puis il y a cette seconde histoire d'amour avec la pied noir, qui elle a fuit l'Algérie indépendante et qui n'en veut pas à Garrel qui soutenait le FLN et qui lui dit que maintenant il pourra l'aimer elle.

Ce que je trouve très beau, c'est cette capacité à filmer ce second couple, d'abord amoureux, s'attirant l'un l'autre, puis très vite, la fille s'ennuie que l'homme de s'occupe pas d'elle, elle en veut plus, elle devient jalouse... elle souffre.

Chaque étape de leur relation de couple est à la fois infiniment belle, avec une tendresse folle, où les corps se cherchent, cherchent à se rapprocher l'un de l'autre...

Et puis il y a cette fin, ce ralenti final, on s'en doutait, c'était bien trop beau. On n'oublie pas les "traîtres". Vraiment un film puissant, car je connaissais de Garrel plus ses romances, c'est l'un des premiers films que je vois de lui, avec les amants passagers traitant de politique aussi ouvertement, surtout qu'il le fait sans jamais que ça entache les romances magnifiques de son film. Parvenir à ce niveau là, c'est un grand film.

La France, Paris, l'Algérie, le FLN, l'OAS... Un homme, une femme ; l'enfant. Mais peu après, rupture. Enfin, Jean dit qu'ils se sont séparés, mais c'est lui qui met un terme à leur relation. Mouche ne cessera de lui dire qu'il peut revenir quand il veut ; ça la fait beaucoup pleurer. A voir pour ces plans du visage de Maurice GARREL dans la pénombre, et toutes les séquences avec Christine BOISSON.