Avis sur Queen Kelly

Il suffit d'une simple culotte, d'un simple regard oblique à son encontre pour mesurer l'extrême perversité d'un film comme Queen Kelly. Si cette oeuvre majeure marque et choque encore aujourd'hui c'est non seulement pour des raisons purement cinématographiques - vertigineuse utilisation des décors, considération parcimonieuse des intertitres, Gloria Swanson inoubliable et j'en passe - que pour son extraordinaire déviance. Ultra connoté, sexué jusque dans ses moindres symboles, d'une dépravation presque palpable dans ses rideaux de fumée étouffant l'hyprocrisie de la très haute bourgeoisie et malsain jusqu'à l'écoeurrement Queen Kelly est un monument du grand Erich Von Stroheim : l'oeuvre parle de manière déchirante de la perte de l'innocence de sa triste héroïne au travers d'un voyage initiatique particulièrement sombre, nocif, pernicieux. L'obscénité de ce film majeur n'est jamais étrangère au faste - bien au contraire ! Ainsi Von Stroheim montre des personnages vulgaires, inconsistants et moralement pourris que seule la démence des décors et des intérieurs est capable de compenser. On connaît le sort que fût réservé à cette oeuvre ultime, charcutée par les producteurs et autres pourvoyeurs de rêves : Queen Kelly, maudit mais sublime, est le testament sans pitié d'un immense cinéaste. A voir absolument.

La Reine Kelly (connu également sous son titre original, Queen Kelly) est le film qui est souvent considéré comme celui qui a détruit la carrière de réalisateur d’Erich von Stroheim à Hollywood (son dernier film, Hello, Sister !, possède de nombreuses séquences non réalisées par lui). Choqué par certaines scènes amorales pour l’époque et par le caractère tyrannique et indépendant du réalisateur, le producteur du film (Joseph Kennedy, père du futur Président) renverra Stroheim qui ne put donc achever son œuvre. En l’état, le film possède des séquences assez surprenantes pour l’époque spoiler: (la célèbre scène de la culotte, Regina fouettant Kelly…)
surtout quand on découvre certaines scènes coupées à l’époque spoiler: (la scène du mariage, jouant sur l’épouvante et où le manque de réel consentement de la mariée est encore plus visible que dans La Reine Margot de Patrice Chéreau)
. Mais c’est cette vision crue qui permet à Stroheim de donner de la force à une histoire au final assez simple et mélodramatique. La Reine Kelly est donc la dernière œuvre totalement signée (même si elle a été censurée par la production comme quasiment tous ses films) par un des fondateurs d’Hollywood qui est aussi peut-être le premier metteur en scène à scandales de cette industrie.

Le dernier film d'Erich Von Stroheim est restè inachevè et surtout maudit! il s'agit de "Queen Kelly" (oublions "Walking Down Broadway" qui fut refait par Alfred Werker sous le titre d'"Hello Sister" et que Stroheim en retira même son nom), interprètè par l'inoubliable Gloria Swanson! Un prince enlève une orpheline et pousse une reine sadique et cruelle au suicide! Certaines sèquences sont d'une perfection remarquable, en particulier le bain de champagne de la reine, l'arrivèe du prince, la scène de jalousie où l'on voit la reine chasser l'orphelin du palais à coups de cravache, etc...C'est avec ce film dèlirant et hors norme (une fois de plus) que se termine, en 1928, la carrière de l'immense Stroheim en tant que metteur en scène! Quant à sa carrière d'acteur, elle n'a rien à envier à sa rèussite d'auteur! A noter qu'on retrouva même une partie du matèriel tournè et abandonnè, concernant la partie africaine de l'histoire! Malgrè quelques pèripèties, c'est l'un des plus importants muets des annèes 20...