Avis sur Libera me

On voit rarement un cinéaste se tourner vers une telle gageure: film sans personnages, entièrement dépourvu de dialogues, composé pour l'essentiel de plans brefs qui caressent l'image quelques secondes durant avant de laisser place. Ils peuvent durer quelques secondes, ces plans, rarement plus. On a rarement vu un film si programmatique donner autant de plaisir visuel.

Une très belle affiche coup de poing qui en dit long! Sorti en 1993, "Libera me" d'Alain Cavalier n'a pas vraiment connu l'ènorme succès que "Les visiteurs", rèalisè par Jean-Marie Poirè, cette même annèe! il faut plutôt parler de contre-performance inhèrente à ce brillant cinèaste qui a l'habitude et surtout l'ambition de prendre des risques! Nul dialogue, nul dècor, nul choix! Une telle dèmarche n'est cependant pas aussi objective qu'il y paraît! A l'issue de la projection, c'est la dètresse et la souffrance, souvent filmèes en gros plans, qui restent en tête! Cependant, la camèra nous oblige à les voir où l'on ressent èmotion et douleur! il ne fait pas de doute que cela est voulu : l'èpuration de la mise en scène, la froideur de la composition, la torture subie par les victimes, la raideur des gestes, l'austèrité des plans [...] "Libera me" est une oeuvre aboutie dont il est difficile de sortir indemne! Certains passages dans le dernier quart d'heure nous font souffrir avec les victimes...