Une suite à "Alien 3", qui plus est en présence du personnage d’Ellen Ripley, paraissait particulièrement difficile… Mais les producteurs hollywoodiens ne manquent jamais de ressources et sont parvenus à trouver une parade à la mort de l’héroïne de la saga : une résurrection sous forme de clone ! Sigourney Weaver ne reprend donc pas vraiment son rôle culte mais celui d’une créature créée par la Compagnie Weyland partageant son ADN avec celui de l’Alien qu’elle abrite. Le film enfonce ainsi le clou de la relation filiale entre Ripley et les monstres (déjà évoquée par l’opus précédent), qu’elle considère comme ses bébés. Ce tour de passe-passe scénaristique permet également de faire de Ripley une super-héroïne à la force décuplée, offrant ainsi au personnage une autre dimension. Cette transformation a malheureusement tendance à amoindrir l’empathie du spectateur pour cette Ripley beaucoup moins humaine, et ce d’autant plus que le scénario est franchement basique, pour ne pas dire redondant avec les opus précédents. On retrouve donc la méchante compagnie Weyland qui veut ramener les Aliens sur Terre, les inévitables attaques des monstres précédés d’un filet de bave tombant du plafond ou encore un final pompé sur les deux premiers épisodes (avec sa confrontation finale avec un Alien belliqueux suivi d’une expulsion dans l’espace). L’originalité de ce quatrième opus réside néanmoins dans l’ambiance très marquée qu’a su imposer le réalisateur Jean-Pierre Jeunet (et qui n’est pas sans rappeler "La Cité des Enfants perdus")… et qui s’avère également être l’une de ses limites. En effet, l’image saturée et les tons cuivrés (pour ne pas dire jaunâtres) se fondent difficilement dans l’ambiance des trois premiers opus et ont, en outre, pas mal vieillis aujourd’hui. Ce n’est cependant pas le cas des effets spéciaux (bien plus réussis sans pour autant être parfaits), et plus précisément des Aliens qui, après avoir été malmenés par le troisième opus (et son monstre en image de synthèse ridicule), retrouvent de leur superbe, notamment lors des séquences aquatiques qui ont fait la renommée du film. Je n’en dirai pas autant de l’Alien hybride (avec sa peau blanche et ses yeux humains), censé être l’apothéose finale et qui restera comme un raté aussi mémorable que peu effrayant. Concernant le casting, on appréciera le gout de Jean-Pierre Jeunet pour les gueules de cinéma puisqu’on retrouve, entre autres, Ron Perlman, Dominique Pinon, Michael Wincott, Brad Dourif ou encore Gary Dourdan. Seule Winona Ryder dénote dans ce tableau, peu aidée, il est vrai, par son rôle d’androïde fadasse, qui fait pâle figure à côté des Ash et autres Bishop qui ont su marquer la saga en leur temps. Au final, malgré ses qualités, cet "Alien : la résurrection" restera, pour moi comme l’épisode le moins intéressant de la saga.