Avis sur Au seuil de la vie

Magnifique portrait de ces trois femmes fragiles qui donnent la vie. Bouleversant et en même temps émouvant et enrichissant. Une vision et une réflexion ultime. C'est en même temps dur et tendre comme cette façon de filmer sans musique et uniquement avec des dialogues.

Encore une fois Ingmar Bergman parvient à dénicher un sujet où les opinions divergent et qui mérite une illustration cinématographique. A l'inverse du "7ème sceau" qui abordait la mort tout en poésie, "Au seuil de la vie" s'attaque à la maternité d'une manière proche du documentaire.
Tirant trois situations différentes mais similaires dans leur fond, Bergman choisit avec réussite ses dialogues ainsi que ses actrices. Récompensées au Festival de Cannes en 1958, Eva Dahlbeck, Ingrid Thulin et Bibi Andersson parviennent à s'imprégner de leur personnage d'une manière admirable. Profitant du talent de ses comédiennes, le metteur en scène soignent son script et nous laisse ainsi vivre des situations parfois émouvantes et touchantes.
Malheureusement, l'absence d'une quelconque bande originale et la mauvaise qualité d'image, qui soulignent certainement un manque de moyens financiers, nuisent à notre appréciation et entache un long-métrage qui aurait mérité davantage d'esthétique.
Quant au prix décerné à Bergman pour la mise en scène il est plutôt énigmatique étant donné l'absence d'éléments personnels dans celle-ci et la l'immobilisme de certains plans. En résumé, "Au seuil de la vie" est l'inverse du blockbuster contemporain. Il se démarque par son sujet mais déçoit par sa forme.

Rarement la cruauté d'un réalisateur aura crée une oeuvre si douce, si belle. C'est une grande leçon de cinéma donnée ici par Ingmar Bergman, qui sans le moindre "artifice, couleur, musique etc., déploie une poétique enchantée, par l'intermédiaire d'un travail à la fois précis et tendre. Trop peu souvent, un réalisateur démontre ainsi une telle maîtrise cinématographique et un tel amour pour la métaphore. S'il faut attendre pour être convaincu, c'est parce que Bergman sait où il nous emmène et le spectateur attentif sentira ainsi jaillir en lui une confiance inexplicable, telle une communication implicite et merveilleuse. Tranquillement alors, nous voici dirigés vers la fin, qui, au milieu d'un sentier de cadavres invisibles, est bel et bien une nouvelle naissance (15.2/20)

Au seuil de la vie, petite pépite de Bergman située intégralement dans une maternité, avec le lot d'affres que représente le milieu hospitalier. Du haut de ses modestes quatre-vingts minutes, le film fait comme un écrin à la sensibilité hors-normes du réalisateur. Sérieusement, quel genre d'homme est capable de faire un film entier autour du thème de la grossesse, de la fausse couche et de l'accouchement ? Quel genre de tête faut-il avoir pour savoir si bien capter les tourments de l'esprit qui accompagnent ces tourments des entrailles ? Et qui suis-je pour dire que c'est réussi ? J'ai au moins la réponse à cette question : je suis un spectateur comblé.

Il peut paraître bizarre que je dise avoir adoré voir trois femmes souffrir pendant plus d'une heure, sans cadre modérateur – les infirmières et les médecins sont humains, mais professionnels aussi. Leurs personnages sont si bien écrits qu'il ne viendrait à l'idée de personne de s'y raccrocher pour se sentir mieux. Mais l'œuvre est si pleine d'empathie qu'on s'en fiche. Bergman était plus humain que l'humain, et son humanisme transpire tant que cela rend sa création confortable.

La caméra est peu mobile, mais le réalisateur fait corps avec elle. Rarement un réalisateur a-t-il été acteur de son film sans jamais y apparaître ! Je vais me permettre une incise technique dans le lyrisme de ma critique (il faut bien justifier le rarissime 10/10 !) : un procédé plutôt rare à l'époque est largement utilisé pour illustrer la cause (B) de l'expression des personnages (A). Il s'agit du montage ABA, sans mauvais jeu de mots sur le fait que le film est suédois : on voit l'expression, puis sa cause, puis l'expression de nouveau. On croirait que c'est utilisé pour préserver au maximum le jeu surhumain des interprètes féminines, dont les monologues sont parfois longs et chargés d'émotions fortes. Encore une touche de la sensibilité à la Bergman ?

Et puis la deuxième lecture ne laisse rien au hasard non plus. Il m'est venue une comparaison très forte que je ne dois qu'à Bergman, même si sa suggestion n'en était pas voulue : j'ai vu ces femmes dans leurs chambres d'hôpital comme des condamnées à mort, parce que la vie les quitte littéralement lorsque se produit l'accouchement, que les conditions soient normales ou non. Et j'ai vu leur courage plus clairement qu'un blockbuster américain me le suggérera jamais.

Je n'irais pas jusqu'à dire que le film est agréable à voir (il nous met presque devant un dilemme : est-on captivé par la beauté ou la morbidité ?), mais s'il y a bien un film qui prouve que le génie peut créer spontanément le plaisir d'un visionnage, c'est bien celui-ci.

septiemeartetdemi.com

Longtemps difficile à voir malgré son prix de la mise en scène et son prix d'interprétation collective obtenu à Cannes (1958).

" au seuil de la vie" est pourtant un film admirable par son sujet et pourrait même constituer une sorte d'introduction à la filmographie de son auteur.

Autour de l'hospitalisation de trois femmes avant leur accouchement, donc avant la naissance, c'est un regard sur ce qui précède l'arrivée de chacun d'entre nous.

Nous sommes renvoyés à notre condition d'étape dans un processus, dans une ligne de transmission qui conditionnent notre destinée.

Bergman questionne aussi dans son opus, l'opportunité de la venue au monde en laissant comme toujours une pointe d'espérance, certes constituée d'un nuage de doutes.

Plus abouti dans sa thématique, dans son interprétation que dans des effets de manche cinématographique, on a affaire à une œuvre indispensable à connaître du maître suédois.

Il ne fait pas figure de chefs-d'œuvre de la filmographie de Bergman, mais fait à mes yeux office de secret bien gardé du réalisateur.

Tout admirateur du cinéaste, de cinéphile attiré par le cinéma introspectif, psychologique verra ce film à la fois chaleureux et froid, parfois très émouvant, avec le meilleur profit.

Vingt-quatre heures dans le lieu confiné d'une maternité, le réalisateur ne cherchant pas un seul instant à atténuer la gravité des événements que peuvent subir celles qui y sont amenées un jour à y être patientes, la vie dans ce qu'elle a de plus belle et la mort dans ce qu'elle a de plus terrible pouvant se côtoyer facilement ; et pourtant on a un des films les plus lumineux, subtils et prenants de la carrière d'Ingmar Bergman. Ce dernier se servait de l'excellent prétexte de son sujet pour montrer encore une fois qu'il était un directeur d'actrices particulièrement brillant à travers trois cas suffisamment différents, donc trois superbes performances d'actrices, en particulier Bibi Andersson rayonnante comme jamais, dans le domaine pour qu'on différencie bien les protagonistes et pour ne pas se montrer répétitif : un avortement raté, une fausse couche et un bébé ardemment désiré. De plus l'ensemble est saupoudré de détails secondaires qui réussissent à lui donner encore plus de vie et de réalisme. Un très bon, et très beau, cru bergmanien.

Sublime et incroyablement juste portrait de femmes, le film est totalement saisissant et nous emporte dans sa poésie franche et dure, parfois. Les trois magnifiques actrices principales tellement modernes et la mise en scène parfaite, font que le temps n'a aucune emprise sur ce grand chef d'œuvre du cinéma.

Ce qui frappe avant tout à la vision de ce très beau film, c’est son incroyable modernité, tant dans le fond que dans sa forme. La société suédoise demeure une référence mondiale progressiste et ce ne sont pas les sujets abordés par l’auteur qui contrediront cette affirmation. Le cadrage, la superbe lumière en noir et blanc, un découpage d’orfèvre : tout est réussi. Loin d’un cinéma métaphysique, mystique et psychologiquement lourdingue comme l’ont été parfois d’autres œuvres de Bergman, rendant souvent l’usage d’un décodeur indispensable, ce méconnu « Au Seuil de la Vie » s’inscrit dans une veine naturaliste et sociale qui trouve encore largement écho aujourd’hui plus de cinquante ans après sa réalisation. L’interprétation est absolument magnifique et bouleversante. Quant au meuble range-bébés de la maternité (éclats de rires dans la salle), j’espère bien le trouver très prochainement dans le catalogue d’IKEA.

Bon film de Bergman. Sur un scénario simple, dans un hôpital, trois femmes qui ont des problèmes de femmes liés à la procréation, parlent entre elles.
Des moments de vie forts, avec des dialogues profonds et sensibles.
C'est un très beau film, bien réalisé en noir et blanc, avec de beaux plans de visages, une caméra toujours bien placée. Tout se passe presque dans le même lieu, comme au théâtre, mais c'est un vrai film, austère et un peu aride comme souvent chez Bergman.
L'important est bien sûr le texte, l'action est limitée, mais on ne s'ennuie pas pour peu qu'on prenne pour importants ces problèmes essentiellement féminins.
Et ces trois femmes semblent poser des questions universelles face à la maternité.
3 grandes actrices.
(pas d'accord avec l'avis de jean Tulard dans son dico du cinéma)